Récit d’Anne Catherine Emmerich et de Maria Valtorta. Ces récits se complètent et apportent des points de vue différents.
Salomé est la fille d’Hérodiade et d’Hérode-Philippe, demi-frère d’Hérode Antipas. Hérodiade va divorcer et se mettre en couple avec Hérode Antipas, qui fera, sous l’influence d’Hérodiade, décapiter avec regret Jean-Baptiste. Ces deux frères « Hérode » sont les enfants d’Hérode le Grand.
Hérodiade détestait Jean-Baptiste, car il désapprouvait sa nouvelle union et le faisait savoir. Elle était une habile manipulatrice : « Vipère et magicienne, qui avait fait d’Hérode un jouet ».
Salomé rencontra Jésus lors de la 3e Pâque, alors dans le palais de Chouza (lire en bas du chapitre), proche de celui d’Hérode. Elle sera éconduite fermement par Jésus pour son impudicité. (vision de Maria Valtorta)
Elle épousera l’un de ses oncles : Philippe, Tétrarque d’Iturée de 30 ans son aîné, qui ne semblait guère attiré par les femmes, puis Aristobule fils d’Hérode, roi de Chalcis, son cousin germain, avec qui elle aura 3 fils : Hérode, Agrippa, et Aristobule.

Chapitre complémentaire : Hérode le Grand et le Massacre des Innocents
Les visions d’Anne Catherine Emmerich
Extrait des visions d’Anne Catherine Emmerich (Allemagne) (1774-1824).
La fête se prépare.
Depuis une quinzaine de jours déjà, j’ai vu arriver à Machérunte beaucoup de gens invités par Hérode, dont la plupart sont des personnes du beau monde : j’en vis notamment beaucoup appartenant à la société élégante et corrompue de Tibériade, passer le Jourdain à Ainon pour se rendre à Machérunte. Je vis aussi une grande quantité de femmes venir visiter Hérodiade et se succéder toute une série de fêtes et d’orgies.
Il y avait près du château un édifice circulaire et découvert, entouré de sièges d’où l’on regardait des combats livrés par des athlètes à des animaux féroces. Je vis aussi des danseurs et des danseuses qui exécutaient des danses voluptueuses de toute espèce, et je vis Salomé, la fille d’Hérodiade, s’exercer avec eux. en présence de sa mère devant des miroirs de métal.
La détention de Jean-Baptiste
Dans les derniers temps on avait permis à Jean de circuler dans l’intérieur du château, et ses disciples avaient la permission d’entrer et de sortir. Il avait quelquefois enseigné publiquement dans le château et Hérode avait assisté à ses prédications. On lui avait aussi promis la liberté s’il voulait approuver le mariage d’Hérode (avec Hérodiade) ou du moins garder sur ce point le silence le plus absolu : mais il s’était toujours élevé avec véhémence contre cette union.
Toutefois, Hérode avait l’intention de lui rendre la liberté à l’occasion du jour de sa naissance : mais sa femme nourrissait en secret d’autres pensées. Hérode désirait que Jean se fît voir en public pendant la fête : il voulait se rendre ses hôtes favorables en leur faisant voir qu’il traitait doucement son captif ; mais aussitôt que les réunion et les jeux commencèrent, faisant de Machéronte le théâtre de tous les désordres, Jean ne voulut plus quitter sa prison et il ordonna aussi à ses disciples de se retirer. (…)
Salomé
Sa fille Salomé avait été formée par elle : elle la secondait en toutes choses depuis son enfance et c’était déjà une fille perdue. Elle était jeune et dans tout l’éclat de sa beauté qui avait quelque chose de sensuel et de lascif : elle était très immodeste dans ses allures et dans ses vêtements. Depuis longtemps déjà Hérode jetait sur elle des regards de convoitise et sa mère avait dressé ses plans en conséquence. (…)
La fête commence
Ce soir, je vis commencer la fête du jour de naissance d’Hérode. Hérodiade habitait un palais bâti sur l’un des côtés d’une cour spacieuse : il dominait la grande salle placée en face dans laquelle la fête avait lieu, et l’on voyait tout ce qui s’y passait du haut des galeries ouvertes du palais d’Hérodiade. On avait élevé dans la cour un magnifique arcs-de-triomphe où l’on montait par des degrés et sous lequel on passait pour entrer dans la salle. Celle-ci offrait à l’œil une perspective qui semblait sans limites et dont la splendeur était incroyable : on ne voyait partout que miroirs, dorures, bouquets de fleurs et arbrisseaux verdoyants. On était complètement ébloui, car aussi loin que la vue pouvait s’étendre, tout était inondé de lumière, grâce à une profusion inouïe de flambeaux, de lampes, de transparents portant des inscriptions ou ayant la forme de vases et de statues.
Hérodiade avec son entourage de femmes, toutes parées de leurs plus beaux atours, regardait la fête du haut de la galerie supérieure de son palais.
Bientôt Hérode, escorté d’une troupe de courtisans somptueusement vêtus et salué par des voix qui chantaient en chœur, traversa la cour sur des tapis pour se rendre à l’arc de triomphe au-dessus duquel un grand nombre de jeunes garçons et de jeunes filles à peu près nus et couronnés de fleurs se tenaient, agitant des guirlandes et jouant de divers instruments de musique.
Comme il montait les degrés qui menaient à l’arc-de-triomphe, Salomé, entourée d’autres adolescents des deux sexes, vint au devant de lui en dansant et lui présenta une couronne placée au milieu de joyaux étincelants de toute espèce, et que des enfants de son cortège portaient sous un voile diaphane.
Ces enfants étaient à peine couverts d’une légère draperie : ils portaient un vêtement collant qui les faisait paraître nus et ils avaient des espèces d’ailes attachées aux épaules.
La danse de Salomé.
Salomé portait également un vêtement court et par-dessus une longue robe tout à fait transparente attachée par endroits autour des jambes avec des agrafes brillantes. Ses bras étaient entourés d’anneaux d’or de cordons de perles et de petites guirlandes de plumes : elle n’avait sur le cou que des perles en grand nombre et des colliers étincelants : sa poitrine n’était couverte que d’une gaze transparente.
Elle dansa assez longtemps devant Hérode qui, charmé et ébloui, lui témoigna la plus vive admiration, ainsi que tous ses hôtes, et la pria de lui donner encore ce plaisir le lendemain.
Alors ils entrèrent dans la salle où commença le festin. Les femmes mangèrent de leur côté dans le palais de la reine.
Pendant ce temps, je vis Jean dans sa prison : il était agenouillé, les bras étendus, regardait le ciel et priait. Il était entouré de lumière, mais c’était une toute autre lumière que celle de la salle d’Hérode. Celle-ci en comparaison, paraissait trouble et rougeâtre comme une flamme d’enfer, quoique Machérunte, illuminée par tant de flambeaux, répandît au loin sur les montagnes une lueur semblable à celle d’un incendie.
J’ai vu aujourd’hui à midi un grand festin dans la salle d’Hérode : cette salle était ouverte du côté qui faisait face à la salle des femmes, située plus haut, en sorte que le tableau qu’offrait cette réunion de femmes en grande toilette, mangeant, buvant et jouant, venait par cette ouverture se réfléchir comme dans une glace sur une surface polie. C’était peut-être de l’eau : car il y avait de tous côtés des jets d’eau de senteur, qui jaillissaient au milieu de pyramides de fleurs et d’arbres couverts de verdure.
Après le repas où l’on avait beaucoup bu, les convives prièrent Hérode de faire danser de nouveau Salomé : on laissa libre à cet effet le milieu de la salle et on se rangea tout autour, le long des murs.
Hérode siégeait sur son trône : quelques-uns de ses familiers et seulement ceux qui étaient Hérodiens s’assirent près de lui sur une extrade.
Salomé reparut avec quelques danseuses, l’air effronté et très légèrement vêtue : ses cheveux étaient ou entrelacés de perles et de pierres précieuses, ou flottant en boucles sur ses épaules. Elle avait une couronne sur la tête. Elle dansait au milieu, les autres autour d’elle.
Cette danse n’est pas aussi fougueuse et aussi vive que les danses rustiques de nos paysans ; elle consiste à ployer, courber et tordre continuellement le corps comme s’il était désossé : on passe sans cesse d’une attitude à une autre.
Ces femmes balancent, plient et replient leurs membres avec une souplesse qui rappelle celle du serpent : elles tiennent en outre à la main des guirlandes et des drapeaux qu’elles agitent et déploient autour d’elles. (…)
Salomé l’emportait sur toutes les autres, et je vis à ses côtés le démon qui semblait assouplir et agiter tous ses membres pour mieux parvenir à ses fins. Hérode était charmé et bouleversé par ces infâmes attitudes.
Demande-moi ce que tu voudras, je te le donnerai.
En finissant, elle vint au pied du trône, et comme les autres danseuses continuaient à captiver l’attention des spectateurs, quelques-uns des plus voisins seulement entendirent Hérode lui dire : « Demande-moi ce que tu voudras, je te le donnerai ; j’en fais le serment : quand ce serait la moitié de mon royaume, je te le donnerai ».
Salomé répondit. « Je vais consulter ma mère sur ce que je dois demander« . Après quoi elle sortit de la salle, se rendit à celle des femmes et parla à sa mère. Celle ci lui ordonna de demander la tête de Jean-Baptiste sur un plat.
Salomé revint près d’Hérode et lui dit : « Je veux que vous me donniez tout de suite la tête de Jean sur un plat » ! Quelques-uns des plus proches voisins du roi l’entendirent lorsqu’elle dit cela. Hérode était terrifié et comme frappé d’apoplexie : mais elle lui rappela son serment. Alors il fit appeler son bourreau par un Hérodien et lui ordonna de décapiter Jean et de donner sa tête à Salomé sur un plat. L’exécuteur sortit et Salomé le suivit au bout de quelques instants.
Cependant Hérode, comme s’il eût été malade, quitta la salle avec quelques courtisans qui avaient tout entendu : comme il était accablé de tristesse, je les entendis lui dire qu’il aurait bien pu ne pas se croire obligé de lui accorder sa demande : ils lui promirent du reste le secret le plus absolu, afin de ne pas troubler la fête. Quant à lui, il était accablé de tristesse et il errait comme un insensé dans les appartements les plus reculés du palais. Pendant ce temps la fête allait son train.
Jean était en prière. Le bourreau et son valet firent entrer avec eux les deux soldats qui montaient la garde à la porte de la prison. Les soldats avaient des torches : mais je vis tant de lumières autour de Jean que la lueur des torches me parut pâlir comme à la clarté du jour.
Salomé attendait avec une servante dans un vestibule qui précédait la prison : celle-ci avait remis au bourreau un plat enveloppé d’un drap rouge.
La décollation de Jean-Baptiste
L’exécuteur dit à Jean : « Le roi Hérode m’a chargé de porter ta tête sur ce plat à sa fille Salomé ». Mais Jean ne le laissa pas achever : il resta à genoux, tourna la tête vers lui comme il entrait, et lui dit : « Je sais pourquoi tu viens : vous êtes des visiteurs que j’attends depuis longtemps. Si tu savais ce que tu fais, tu ne voudrais pas le faire. Je suis prêt ». Alors il reprit sa première position et se remit à prier devant la pierre près de laquelle il avait coutume de s’agenouiller.
Le bourreau lui coupa la tête au moyen d’une machine que je ne puis comparer qu’à un piège à renards : car on lui passa un anneau de fer autour des épaules ; puis le bourreau, en donnant une secousse ou en pressant un ressort, fit jouer des lames tranchantes qui lui entrèrent dans le cou et la tête fut en un instant séparée du corps.
Jean resta agenouillé, la tête tomba à terre et il en jaillit un triple jet de sang sur la tête et le corps du saint qui fut ainsi baptisé dans son sang. Le valet du bourreau prit la tête par les cheveux en lui jetant une insulte et la posa sur le plat que le bourreau prit et porta à Salomé qui l’attendait. Elle la reçut avec une joie mêlée d’une horreur secrète et de cette répugnance physique que les personnes adonnées aux voluptés ressentent à la vue du sang et des blessures.
Accompagnée de sa suivante qui l’éclairait, elle emporta le saint chef à travers les corridors souterrains, tenant le plat aussi loin d’elle que possible et détournant sa tête chargée d’ornements avec une grimace de dégoût. Les passages déserts qu’elle suivait la conduisirent, en montant toujours, à une espèce de cuisine souterraine, située sous le palais d’Hérodiade. Celle-ci vint aussitôt à sa rencontre, arracha la couverture qui cachait la sainte tête et l’accabla d’injures et d’outrages ; ayant pris une lardoire pointue, suspendue au mur avec d’autres ustensiles du même genre, elle perça à coups redoublés la langue de Jean, ses joues et ses yeux ; après quoi, plus semblable à un démon qu’à une créature humaine, elle la lança violemment par terre et la poussa du pied jusqu’à une ouverture circulaire par où elle tomba dans une fosse qui servait de réceptacle à toutes les immondices de la cuisine.
Après quoi l’abominable créature revint avec sa fille, comme s’il ne fût rien arrivé, se mêler au tumulte et aux scandales de la fête. Je vis le saint corps recouvert de la peau de mouton qu’il portait ordinairement, placé sur sa couche de pierre par les deux soldats. Ces hommes étaient très émus, mais on les retira de là et on les enferma pour les empêcher de parler. Un silence rigoureux fut imposé à tous ceux qui savaient quelque chose de ce qui s’était passé. Les hôtes d’Hérode ne pensaient pas à Jean.
Après la mort de Jean-Baptiste
Je vis le saint corps toujours étendu sur sa couche : on continue à monter la garde devant la prison et on y porte des aliments comme à l’ordinaire. La mort de Jean reste cachée ; Hérode attend sans doute des circonstances plus favorables pour la faire connaître.
Les fêtes continuent, mais Hérode n’y prend aucune part. Je l’ai vu errer dans un jardin écarté avec ses familiers : il était tout triste et tout bouleversé. Il y a tout le jour des jeux de toute espèce et des tours de jongleurs : on s’enivre de manière à perdre toute retenue toutefois on ne boit pas jusqu’à perdre la raison comme on le fait chez nous : je n’ai vu personne complètement ivre. Les femmes boivent aussi mais dans un endroit à part, selon la coutume ; et cette séparation produit plus de mal que ne le ferait leur réunion en public avec les hommes, car elles obéissent à la convoitise de leurs yeux, donnent des rendez-vous à qui leur plaît sous des déguisements de toute sorte et commettent toute espèce d’abominations. Tout ce monde se livre à d’affreux désordres.
Le saint corps est toujours gisant dans la prison silencieuse. Le théâtre circulaire qui est dans le palais était aujourd’hui plein de spectateurs assis sur les degrés : les femmes s’y trouvaient : Hérode était absent. Je vis des bateleurs se livrer à divers exercices : des hommes basanés, jaunes et noirs, n’ayant d’autre vêtement qu’un linge autour des reins, se frottaient d’huile, sautaient, couraient les uns après les autres, se frappaient à coups de bâton et se renversaient par terre.
Je vis aussi des bêtes féroces combattre entre elles ou avec des hommes qui luttaient contre elles et les tuaient. On jouait des farces de toute espèce ; quelquefois un des acteurs voulait s’élancer dans une maisonnette placée sur une colonne, alors la maisonnette et la colonne se mettaient en mouvement ; il y avait dedans un homme qui bâtonnait le premier. Je vis aussi des ballons légers semblables à des vessies, posés sur de hauts piliers : on lançait sur eux des traits rougis au feu qui les perçaient : alors ils faisaient explosion, s’enlevaient en l’air tout enflammés et allaient tomber çà et là sur les toits.
J’ai encore vu le saint corps étendu sur sa couche : toutes choses vont en apparence comme a l’ordinaire. Dans le palais, ce sont toujours les mêmes orgies. Aujourd’hui, on a élevé une haute ~ pleine de poix et de soufre. De pauvres esclaves y montaient, y mettaient le feu et il en sortait une colonne de flamme qui s’élevait très haut. Toutes les montagnes en étaient éclairées et on devait la voir de Jérusalem.
Malheureusement deux esclaves furent brûlés. Les jeux, les costumes, les usages, la manière dont tout est disposé rappellent tout à fait ce qui se passa au mariage de Datula dans l’île de Crète : seulement ici tout était plein d’abominations et de péchés, tandis qu’en Crète tout était pur et innocent. De plus, à Machérunte, les bâtiments, les lieux ou l’on joue, les cours et les salles se trouvent resserrés et entassés dans un espace étroit : en Crète, au contraire, tout était spacieux, avec un agréable mélange de chemins, de jardins, de galeries, d’escaliers et de colonnades.
Note du traducteur : Ceci fait allusion à l’histoire de la fille d’un roi de l’île de Crète, convertie au christianisme dans les premiers siècles et dont Anne Catherine a vu et raconté la vie.
La mort de Jean est encore tenue secrète. Cinq personnes informées de ce qui s’était passé ont été jetées en prison et mises au secret par l’ordre d’Hérodiade : ce sont les deux gardes, l’exécuteur, son valet et la suivante de Salomé, qui a laissé voir quelque compassion. Personne ne soupçonnait rien, excepté les familiers du roi, qui savaient tout. (…)
A l’occasion des officiers envoyés par Pilate à Machéronte, je vis toujours le corps de Jean, comme auparavant, gisant dans sa prison. Personne encore n’a de soupçon sur sa mort. On relève comme à l’ordinaire les gardes qui veillent devant l’enceinte des prisons : comme ils ne se tiennent pas dans le voisinage immédiat du cachot de Jean et qu’ils voient toujours, à l’heure accoutumée, un homme de confiance d’Hérode y entrer avec des aliments, ils ne peuvent se douter de rien.
On ne pense pas à enlever le corps parce que cela pourrait ébruiter la chose avant le temps. Pour moi, je vois le cachot tout rempli de lumière et près du corps comme un ange debout avec une épée. Je crois bien que s’ils regardaient par un trou dans l’intérieur, ils n’oseraient jamais entrer. (…)
Je vis Jésus seul dans une chambre avec Pierre. Jean, Jacques, fils de Cléophas, Eliacim, Sadoch, Zacharie, la nièce d’Elisabeth et le mari de celle-ci. Les parents de Jean lui demandèrent en tremblant : « Seigneur, ne reverrons-nous pas Jean » ? La porte était fermée en sorte que personne ne pouvait venir les déranger. Jésus leur répondit en pleurant : « Non, vous ne le reverrez pas ».
Et il parla de sa mort en termes très touchants et très consolants. Comme dans leur tristesse ils exprimèrent la crainte que son corps n’eût à subir des outrages, Jésus leur dit qu’il n’y avait rien à craindre, que son corps était intact, que sa tête avait été outragée et jetée au rebut, mais qu’elle aussi serait conservée et reparaîtrait au jour. Il leur dit aussi qu’Hérode quitterait Machérunte sous peu de jours et qu’alors le bruit de la mort de Jean se répandrait ; que ses disciples diraient où ils l’avaient vu pour la dernière fois et qu’on pourrait enlever son corps. (…)
Récupération du corps de Jean-Baptiste.
Ils descendirent alors dans la prison par une ouverture ronde qui était en haut, et lorsque les deux soldats qui montaient la garde dans les vestibules, les aperçurent et s’approchèrent avec des torches, ils allèrent à leur rencontre et leur dirent : « Nous sommes les disciples de Jean-Baptiste qu’Hérode a fait mettre à mort. et nous voulons enlever son corps ».
Les soldats ne firent pas de résistance, mais leur ouvrirent la prison, soit parce qu’ils n’étaient pas les plus forts, soit peut-être parce qu’indignés contre Hérode à cause de la mort de Jean, ils voulaient participer à cette bonne œuvre : depuis quelques jours déjà plusieurs soldats avaient pris la fuite.
Lorsqu’ils entrèrent dans la prison, leur torche s’éteignit et je vis toute la prison remplie de lumière. Je ne sais pas si tous virent cette lumière, mais je suis portée à croire qu’il en fut ainsi, car ils firent ce qu’ils avaient à faire aussi promptement et aussi facilement qu’à la clarté du jour.
Je vis tous les disciples se précipiter vers le corps de Jean et se courber sur lui en versant des larmes. (…)
Le corps était, comme au premier jour, recouvert de sa peau de mouton et les disciples procédèrent en toute hâte à l’ensevelissement. Ils étendirent des draps sur lesquels ils placèrent le corps pour le laver. Ils avaient apporté de l’eau dans des outres et les soldats Leur fournirent quelques écuelles de couleur brune. (…)
Salomé rencontra Jésus dans le palais de Chouza
Extrait des Évangiles de Maria Valtorta. Nouvelle édition : Tome 6.
(…) Mais par l’escalier intérieur bondit sur la terrasse une jolie silhouette de fillette voilée. Elle court, légère comme un papillon, vers Jésus et là elle jette son voile et son manteau pour tomber à ses pieds et essayer de les Lui baiser.
« Salomé ! » crie Chouza avec les autres.
Jésus s’est retiré si vivement pour fuir son contact que son siège se renverse et il en profite pour en faire une séparation entre Lui et Salomé. Ses yeux font peur tant ils sont phosphorescents, terribles.
Salomé, agile et effrontée, toute cajoleries, dit : Oui, c’est moi. L’acclamation est parvenue au Palais. Hérode envoie une ambassade pour dire qu’il veut te voir. Mais moi, je l’ai prévenue. Viens avec moi, Seigneur. Je t’aime tant et je te désire tant ! Je suis moi aussi chair d’Israël.
« Va à ta maison. »
« La Cour t’attend pour te faire honneur. »
« Ma Cour, la voilà. Je ne connais pas d’autre cour, ni d’autres honneurs » et de la main il montre les pauvres assis aux tables.
« Je t’apporte des cadeaux pour elle. Voici mes bijoux. »
« Je n’en veux pas. »
« Pourquoi les refuses-tu ? »
« Parce qu’ils sont impurs et donnés dans une intention impure. Va-t-en ! »
Salomé se relève interdite. Elle regarde à la dérobée le Terrible, le Très Pur qui la foudroie avec le bras tendu et son regard de feu. Elle regarde furtivement tout le monde, et elle voit moquerie ou nausée sur les visages. Les pharisiens sont pétrifiés et ils observent la scène d’une grande intensité. Les romaines osent avancer pour mieux voir.
Salomé tente un dernier essai : « Tu approches même les lépreux… » dit-elle humble et suppliante.
« Ce sont des malades. Toi, tu es une impudique. Va-t-en ! »
Le dernier « va-t-en ! » est tellement puissant que Salomé ramasse voile et manteau et, penchée, rampante, se dirige vers l’escalier. (…)
Évangiles de Maria Valtorta – Les disciples racontent la mort du Baptiste.
Extrait des Évangiles de Maria Valtorta. Tome 4.
C’était le soir de la fête… L’événement était imprévisible… Deux heures seulement auparavant, Hérode s’était entretenu avec Jean et l’avait congédié avec bienveillance… Et peu, peu avant qu’arrivât… l’homicide, le martyre, le crime, la glorification, il avait envoyé au prisonnier un serviteur avec des fruits glacés et des vins rares.
Jean nous avait distribué ces choses… Lui n’a jamais changé son austérité… Il n’y avait que nous parce que, grâce à Manahen, nous étions au palais pour servir aux cuisines et aux écuries. Et c’était une faveur qui nous permettait de voir toujours notre Jean… Nous étions aux cuisines, Jean et moi, pendant que Siméon surveillait les serviteurs de l’écurie pour qu’ils traitassent avec soin les montures des hôtes… Le palais était plein de grands, de chefs militaires et de seigneurs de Galilée. Hérodiade s’était enfermée dans ses appartements à la suite d’une violente scène entre elle et Hérode, survenue le matin.
Manahen interrompt : « Mais quand la hyène est-elle venue ? »
« Deux jours avant. On ne l’attendait pas… Elle avait dit au monarque qu’elle ne pouvait vivre loin de lui et être absente le jour de sa fête. Vipère et magicienne comme toujours, elle avait fait d’Hérode un jouet… Mais le matin de ce jour Hérode, bien que déjà ivre de vin et de luxure, avait refusé d’accorder à la femme ce qu’elle demandait à grands cris… Et personne ne pensait que c’était la vie de Jean !…
Elle était restée dans ses appartements, dédaigneuse. Elle avait renvoyé les mets royaux envoyés par Hérode dans de la vaisselle précieuse. Elle avait gardé seulement un plateau précieux plein de fruits, et en échange elle avait donné pour Hérode une amphore de vin drogué,.. Drogué… Ah ! Ivre comme il l’était, sa nature vicieuse suffisait bien pour le pousser au crime !
Salomé dansant dans la salle du banquet
Par ceux qui faisaient le service de la table nous avons su, qu’après la danse des mimes de la cour ou plutôt au milieu, Salomé avait fait irruption en dansant dans la salle du banquet, et les mimes, devant la princesse, s’étaient plaquées contre les murs.
La danse était parfaite, nous a-t-on dit, lubrique et parfaite. Digne des hôtes… Hérode… Oh ! peut-être un nouveau désir d’inceste fermentait en son intérieur !… Hérode, à la fin de cette danse dit, enthousiasmé, à Salomé : « Tu as bien dansé ! Je jure que tu as mérité une récompense. Je jure que je te la donnerai. Je jure que je te donnerai tout ce que tu peux me demander. Je le jure en présence de tous. Et une parole de roi est fidèle, même sans serments. Demande donc ce que tu veux ».
Et Salomé, feignant l’embarras, l’innocence et la modestie, s’enveloppant de ses voiles, avec une moue pudique, après tant d’impudicité, dit : « Permets-moi, ô grand, de réfléchir un moment. Je vais me retirer et puis je reviendrai, parce que ta faveur m’a troublée »… et elle se retira pour aller trouver sa mère.
Selma m’a dit qu’elle entra en riant et en disant : « Mère, tu as gagné. Donne-moi le plateau » Hérodiade, avec un cri de triomphe, ordonna à l’esclave de remettre à sa fille le plateau qu’elle avait conservé auparavant, en disant : « Va, et reviens avec la tête haïe et je t’habillerai de perles et d’or ». Et Selma, horrifiée, obéit…
Salomé rentra en dansant dans la salle et, en dansant, alla se prosterner aux pieds du roi, Elle dit : « Sur ce plateau que tu as envoyé à ma mère, pour marquer que tu l’aimes et que tu m’aimes, je veux la tête de Jean. Et puis je danserai encore, puisque cela te plaît tant. Je danserai la danse de la victoire parce que j’ai vaincu ! Je t’ai vaincu, roi ! J’ai vaincu la vie et je suis heureuse ! » Voilà ce qu’elle a dit et que nous a répété un échanson ami.
Et Hérode se troubla, pris entre deux décisions : être fidèle à sa parole, être juste. Mais il ne sut pas être juste, car c’est un injuste. Il fit signe au bourreau qui était derrière le siège royal, et celui-ci, ayant pris des mains de Salomé le plateau qu’elle présentait, descendit de la salle du festin vers les pièces du bas. Nous le vîmes, Jean et moi, traverser la cour… et peu après nous entendîmes le cri de Siméon : « Assassins ! » et puis nous le vîmes repasser avec la tête sur le plateau… Jean, ton Précurseur était mort… »
La mort du Baptiste
« Siméon, peux-tu me dire comment il est mort ? » demande Jésus après un moment.
« Oui. Il était en prière… Il m’avait dit auparavant : « D’ici peu les deux envoyés vont revenir et ceux qui ne croient pas croiront. Mais, cependant, rappelle-toi que si je ne vivais plus à leur retour, comme quelqu’un qui est près de la mort, je te dis encore pour que tu le leur redises : ‘Jésus de Nazareth est le vrai Messie’ « . Il pensait toujours à Toi…
Le bourreau entra. Je criai à haute voix. Jean leva la tête et le vit, Il se leva et dit : « Tu ne peux que m’enlever la vie. Mais la vérité qui dure, c’est qu’il n’est pas permis de faire le mal ». Et il allait me dire quelque chose quand le bourreau fit tournoyer sa lourde épée, pendant que Jean était debout, et la tête tomba du buste avec un grand flot de sang qui rougit sa peau de chèvre et rendit blanc comme de la cire le visage maigre où les yeux restèrent vivants, ouverts, accusateurs.
Elle roula à mes pieds… Je tombai en même temps que son corps, évanoui par le trop de douleur… Après… après… Après qu’Hérodiade l’eut lacérée, la tête fut jetée aux chiens. Mais nous la recueillîmes promptement et nous l’attachâmes avec le tronc dans un voile précieux.
De nuit nous avons recomposé le corps et nous l’avons transporté hors de Machéronte. Nous l’avons embaumé dans un bosquet d’acacias tout près de là dès le lever du soleil avec l’aide d’autres disciples…