Expédition franco-anglaise en Chine (1860)

(Vincent) J’ai lu le livre « Le sac du Palais d’été » (de Bernard Brizey) qui raconte l’expédition militaire franco-anglaise de 1860 en Chine et j’y ai décelé deux interventions divines, d’où ce chapitre.

Diverses raisons ont poussé à cette expédition dont le commerce de l’opium (pour les Anglais) mais la vraie raison était de forcer la Chine à commercer avec le monde extérieur et à entrer dans l’ère moderne, car son obstination à s’ancrer dans les traditions du passé et son immobilisme social avait fini par générer divers problèmes, dont la gigantesque révolte des Taiping qui ensanglantait la Chine et risquait de la plonger dans un chaos total.

En revanche, l’objectif des Français était de faire rouvrir ses missions catholiques et de permettre aux chrétiens d’exercer librement leur culte. Avec une telle mission, Dieu ne pouvait qu’être du côté de cette armée et notamment du côté français, ce qui sera effectivement le cas et c’est l’objet de cette page.

La bataille de Palikao

L’affrontement clé de cette campagne fut la bataille de Palikao, située près d’un vaste pont dans les environs de Pékin. Les 8 000 soldats de la coalition (4 000 Français et 4 000 Anglais) affrontèrent les 50 000 soldats de l’armée chinoise dont sa puissante cavalerie tatare de 30 000 hommes.

La bataille fut brillamment menée et gagnée (lire un extrait ci-dessous) mais, et c’est là que se situe l’action divine et l’intérêt de ce chapitre, c’est qu’il y eut, dans les rangs de la coalition durant cette bataille, que 5 morts (3 Français et 2 chez les Anglais) et quelques blessés.

« Cette bataille faisait l’effet d’un rêve, on tuait et personne n’était touché, ou presque personne. »

« On eût dit en effet que nos soldats étaient protégés par une main invisible qui écartait d’eux les balles et les boulets que l’ennemi lançait avec une profusion sans égale… »

« La bataille était complètement gagnée. Le prestige d’invincibilité de la cavalerie tartare était détruit et à partir de ce jour nous ne la retrouverons plus devant nous. La route de Pékin nous était ouverte. »

(…) Les derniers escadrons tartares se sont débandés. Le pont de Palikao est pris. Un petit nombre de tirailleurs chinois continue cependant de se battre, en ordre dispersé. Le capitaine Charles de Montauban (le fils du général commandant le corps expéditionnaire français) entre dans une pagode, où il compte établir le quartier général. Il est accueilli par une fusillade à bout portant, à laquelle il réchappe par miracle, secouru par le caïd Osman et une section de chasseurs à pied.

Le Palais d’été

Puis il y eut une autre intervention divine que les Anglais ont eu du mal à accepter tellement il blessait leur orgueil et qui marque bien le choix de Dieu pour l’armée Française.

« C’est ici que se situe un des épisodes les plus rocambolesques de la campagne de Chine. Une affaire qui suscita bien des interrogations »

Après cette bataille, le prochain objectif fut la « capture » du Palais d’été, dans les environs de Pékin, joyaux des Empereurs de Chine et honteuse réalité de leur mépris pour la misère du peuple chinois tant la concentration de richesse était excessive et exclusive. Ce pillage du Palais d’été fut décidé afin de faire plier la famille impériale en frappant dans son cœur, épargnant ainsi la capitale et sa population.
Mais finalement cela ne fut pas suffisant, il a fallu menacer de détruire la Cité Interdite et pour être crédible, l’incendie du Palais d’été fut décidé, mais ce fut également en représailles (et exiger une indemnité) aux tortures, qui furent mortelles pour certains, infligées aux prisonniers d’une délégation venue parlementer.

L’armée française (qui marchait en parallèle avec l’armée anglaise) arriva la première et seule au Palais, car l’armée anglaise s’était « perdue en route » sans que personne ne sache comment fut possible une telle chose. Cette armée égarée, qui avait perdu le contact avec l’armée française, arriva avec une journée de retard au moment le plus crucial de cette expédition, et cela a marqué les annales de l’histoire militaire britannique tellement c’était incompréhensible et inopportun pour la fierté anglaise.

« La fierté anglaise » : Les Anglais avaient un certain mépris pour cette armée française, compte tenu de ses objectifs de guerre. Ils avaient même essayé de faire croire aux autorités chinoises que cette armée qui les accompagnait était « à leur solde », comme une armée de mercenaire, ce qui bien sûr était faux et il n’y avait pas de commandement unifié. Les deux armées devaient constamment se concerter.
Les Anglais accusèrent les Français de les avoir doublés pour prendre de l’avance dans le pillage du Palais, alors que le pillage était interdit dans l’armée française mais autorisé et organisé chez les Anglais.

En conclusion

Extrait du livre : On ne peut s’empêcher de constater, cependant, que les Anglais, toujours pragmatiques, réclament et obtiennent la cession d’un territoire (en face de l’île de Hong Kong), tandis que les Français, toujours idéalistes, se contentent de demander la liberté de culte… Différence de mentalité sans doute
Le réalisme temporel d’un côté, la revendication spirituelle de l’autre. Le concret sonnant et trébuchant, contre l’immatériel idéalise et le gratis.
Ce qu’Armand Lucy exprime à sa façon, à la fois provocatrice et sardonique : «Ainsi donc, Anglais et Français, nous sommes arrivés à nos fins selon notre instinct. Ils se sont battus pour leur commerce, et nous pour notre idée. Ils ont rouvert les portes à l’opium, et nous à nos missions.