Dimanche des Rameaux

Dimanche des Rameaux à l’église Saint-Pierre-Saint-Paul de Colombes, le 10 avril 2022. C’est avec beaucoup de plaisir que le prêtre nous a bien aspergés d’eau bénite, pour la plus grande joie des fidèles.


Des fleurs, des branchages, des feuilles de palmiers s’agitent ou sont jetés par terre.

Extrait des visions de Maria Valtorta (Italie)

Jésus se lève et fait signe qu’il va parler. Tout le monde se tait, et on entend nettement la voix de Jésus.
« Paix à vous ! Ne vous entassez pas. Maintenant nous allons monter ensemble au Temple. Je suis venu pour être avec vous. Paix ! Paix ! Ne vous faites pas de mal. Faites place, mes aimés ! Laissez-moi sortir et suivez-moi, pour que nous entrions ensemble dans la Cité Sainte. »
Les gens obéissent tant bien que mal, et font un peu de place, assez pour que Jésus puisse sortir et monter sur l’ânon. Car Jésus indique le poulain jamais monté jusqu’alors comme sa monture. Alors de riches pèlerins, qui se pressent dans la foule, étendent sur la croupe de l’ânon leurs somptueux manteaux et quelqu’un met un genou à terre et l’autre à servir de marchepied au Seigneur qui s’assoit sur l’ânon, et le voyage commence.

Pierre marche à côté du Maître et de l’autre côté Isaac tient la bride de la bête qui n’est pas entraînée, et qui pourtant marche tranquillement comme si elle était habituée à cet office sans s’emballer ou s’effrayer des fleurs qui, jetées comme elles le sont vers Jésus, frappent souvent les yeux et le museau de la bête, ni des branches d’olivier et des feuilles de palmiers agitées devant et autour de lui, jetées par terre pour servir de tapis avec des fleurs, ni des cris de plus en plus forts : « Hosanna, Fils de David ! » qui montent vers le ciel serein pendant que la foule se tasse de plus en plus et grossit à cause des nouveaux venus.

Passer par Bethphagé, par les rues étroites et contournées, n’est pas chose facile et les mères doivent prendre les enfants dans leurs bras, et les hommes protéger les femmes de coups trop violents, et il arrive qu’un père place son fils sur ses épaules à califourchon et le porte élevé au-dessus de la foule alors que les voix des petits semblent des bêlements d’agneaux ou des cris d’hirondelles et que leurs menottes jettent des fleurs et des feuilles d’oliviers que leurs mères leur présentent, et envoient aussi des baisers au doux Jésus…       

Une fois sorti des rues étroites de la petite bourgade, le cortège se range et se déploie, et de nombreux volontaires s’en vont en avant pour prendre la tête et désencombrer le chemin.

D’autres les suivent en jonchant le sol de branches et quelqu’un, le premier, jette son manteau pour servir de tapis, et un autre, et quatre, et dix, et cent, et mille, l’imitent. Le chemin a en son milieu une bande multicolore de vêtements étendus sur le sol, et après le passage de Jésus ils sont repris et portés plus en avant, avec d’autres, avec d’autres, et toujours des fleurs, des branchages, des feuilles de palmiers s’agitent ou sont jetés par terre, et des cris plus forts s’élèvent tout autour en l’honneur du Roi d’Israël, à l’adresse du Fils de David, de son Royaume !  

Les soldats de garde à la porte sortent pour voir ce qui arrive. Mais ce n’est pas une sédition et, appuyés sur leurs lances, ils se rangent de côté pour observer, étonnés ou ironiques, le cortège étrange de ce Roi assis sur un ânon, beau comme un dieu, simple comme le plus pauvre des hommes, doux, bénissant… entouré de femmes et d’enfants et d’hommes désarmés criant : « Paix ! Paix ! », de ce Roi qui, avant d’entrer dans la ville, s’arrête un moment à la hauteur des tombeaux des lépreux de Hinnon et de Siloan (je crois bien parler de ces lieux où j’ai vu d’autres fois des miracles de lépreux) et s’appuyant sur l’unique étrier sur lequel il appuie son pied, puisqu’il est assis sur l’âne et non à cheval, il se lève et ouvre les bras en criant dans la direction de ces pentes horribles, où des visages et des corps effrayants se montrent en regardant vers Jésus et élèvent le cri lamentable des lépreux : « Nous sommes infectés ! », pour écarter des imprudents qui pour bien voir Jésus monteraient aussi sur les terrasses contaminées :

« Que celui qui a foi invoque mon Nom et ait la santé grâce à cela ! »   
Puis il les bénit en reprenant sa route et en ordonnant à Judas de Kériot :       
« Tu achèteras de la nourriture pour les lépreux et avec Simon tu la leur porteras avant le soir. »

L’entrée dans Jérusalem.

Le cortège entre sous la voûte de la Porte de Siloan et puis comme un torrent se déverse dans la ville en passant par le faubourg d’Ophel —où chaque terrasse est devenue une petite place aérienne remplie de gens qui crient des hosannas, jettent des fleurs et renversent des parfums en bas, sur la route, en essayant de les jeter sur le Maître, et l’air est saturé par l’odeur des fleurs qui meurent sous les pas de la foule et des essences qui se répandent dans l’air avant de tomber dans la poussière de la route — le cri de la foule semble augmenter et se renforcer comme si chacun criait dans un porte-voix, car les nombreux archivoltes dont Jérusalem est remplie l’amplifient ne cessant pas de le faire résonner.

J’entends crier, et je crois que cela veut dire ce que disent les évangélistes : « Chalem, Chalem melkil ! » (ou malkit : je m’efforce à rendre le son des paroles, mais il est difficile car elles ont des aspirations que nous n’avons pas). C’est un bruit continu, semblable à celui d’une mer en tempête dans laquelle n’est pas encore tombé le bruit de la lame qui fouette la plage et les écueils, qu’une autre lame ramasse et relève en un nouveau claquement sans jamais s’arrêter. J’en suis assourdie !          

Parfums, odeurs, cris, des branches et des vêtements qui s’agitent, couleurs… C’est une vision étourdissante.

Je vois la foule qui n’en finit pas de se mélanger, des visages connus qui apparaissent et disparaissent : tous les disciples de tous les coins de la Palestine, tous ceux qui suivent Jésus… (…)

Et, malheureusement, des visages de pharisiens et de scribes, livides de colère à cause de ce triomphe, qui, arrogants, fendent le cercle d’amour qui se serre autour de Jésus, et Lui crient :       
« Fais taire ces fous ! Rappelle-les à la raison ! Ce n’est qu’à Dieu que l’on adresse des hosannas. Dis-leur de se taire ! »          

À quoi Jésus répond doucement : « Même si je leur disais de se taire et qu’ils m’obéissent, les pierres crieraient les prodiges du Verbe de Dieu. »

En effet les gens crient : « Hosanna, hosanna au fils de David ! Béni Celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna à Lui et à son Règne ! Dieu est avec nous ! L’Emmanuel est venu ! Il est venu le Royaume du Christ du Seigneur ! Hosanna ! Hosanna de la Terre jusqu’en haut des Cieux ! Paix ! Paix, mon Roi ! Paix et bénédiction à Toi, Roi saint ! Paix et gloire dans les Cieux et sur la Terre ! Gloire à Dieu pour son Christ ! Paix aux hommes qui savent l’accueillir ! Paix sur la Terre aux hommes de bonne volonté et gloire dans les Cieux très Hauts car l’heure du Seigneur est venue ! »

(Cette dernière acclamation provient du groupe compact des bergers qui répètent ce qu’ils ont entendu à la Nativité). Outre ces cris continuels, les gens de Palestine racontent aux pèlerins de la Diaspora les miracles qu’ils ont vus et à ceux qui ne savent pas ce qui arrive, aux étrangers qui passent par hasard par la ville et qui demandent : « Mais qui est Celui-là ? Qu’arrive-t-il ? », ils expliquent :   

« C’est Jésus ! Jésus, le Maître de Nazareth de Galilée ! Le Prophète ! Le Messie du Seigneur ! Le Promis ! Le Saint ! »         

D’une maison dont on a dépassé depuis peu la porte, car la marche est très lente dans une telle confusion, il sort un groupe de robustes jeunes gens portant en l’air des vases de cuivre pleins de charbon allumé et d’encens qui brûle en répandant des nuages de fumée odorante. Et leur geste est bien vu et on le répète. Plusieurs courent en avant ou reviennent en arrière vers leurs maisons pour se faire donner du feu et des résines odorantes pour les brûler en hommage au Christ.

La maison d’Annalia apparaît. La terrasse enguirlandée de vigne avec ses feuilles nouvelles qui tremble à un doux vent d’avril, a sur le côté qui donne sur la rue toute une rangée de jeunes filles vêtues de blanc et voilées de blanc, au milieu desquelles se trouve Annalia, avec des corbeilles de pétales de rosés effeuillées et de muguets qui déjà voltigent en l’air.

« Les vierges d’Israël te saluent, Seigneur ! » dit Jean qui s’est frayé un chemin et qui maintenant est à côté de Jésus, pour attirer son attention sur la guirlande de pureté qui se penche en souriant du parapet pour joncher le chemin de pétales rouges comme du sang et de muguets blancs comme des perles.

Jésus retient un instant les rênes et arrête l’ânon. Il lève son visage et sa main pour bénir cette virginité énamourée de Lui, jusqu’à renoncer à tout autre amour terrestre.

Et Annalia se penche et crie : « Ton triomphe, je l’ai vu, Ô mon Seigneur ! Prends ma vie pour ta glorification universelle ! » Et en criant très fort, pendant que Jésus passe au-dessous de sa maison et avance, elle le salue : « Jésus ! »   

Et un autre cri, différent, dépasse la clameur de la foule. Mais les gens, bien qu’ils l’entendent, ne s’arrêtent pas. C’est un fleuve d’enthousiasme, un fleuve de peuple en délire qui ne peut s’arrêter. Et alors que les derniers flots de ce fleuve sont encore en dehors de la porte, les premiers montent déjà les pentes qui conduisent au Temple.

« Ta Mère ! » dit Pierre en montrant une maison presque à l’angle d’un chemin qui monte au Moriah et par lequel le cortège s’est engagé. Et Jésus lève son visage pour sourire à sa Mère qui est en haut, parmi les femmes fidèles. (…)

Arrivée au Temple.

Ils sont aux portes de l’enceinte du Temple. Jésus descend de l’ânon que quelqu’un de Bethphagé prend en garde. Il faut se rappeler que Jésus ne s’est pas arrêté à la première porte du Temple, mais qu’il a suivi l’enceinte, en s’arrêtant seulement quand il se trouve sur le côté nord de l’enceinte, près de l’Antonia. C’est là qu’il descend et entre dans le Temple comme pour faire voir qu’il ne se cache pas au pouvoir qui domine, se sentant innocent dans toute sa conduite.

La première cour du Temple présente le chahut habituel des changeurs et des vendeurs de colombes, passereaux et agneaux, seulement que maintenant les vendeurs sont délaissés car tout le monde est accouru pour voir Jésus.

Jésus chasse à nouveau les marchands du Temple.

Et Jésus entre, solennel dans son vêtement de pourpre, et il tourne ses regards sur ce marché et sur un groupe de pharisiens et de scribes qui l’observent de dessous un portique.

Son regard est fulgurant d’indignation. Il se précipite au milieu de la cour. Son saut inattendu paraît un vol. Le vol d’une flamme, car son vêtement est une flamme dans le soleil qui inonde la cour. Et il tonne d’une voix puissante :

« Hors de la maison de mon Père ! Ce n’est pas un lieu d’usure et de marché. Il est écrit : « Ma maison sera appelée maison de prière ». Pourquoi donc en avez-vous fait une caverne de voleurs, de cette maison où on invoque le Nom du Seigneur ? Hors d’ici ! Purifiez ma Maison. Qu’il ne vous arrive pas qu’au lieu de me servir de cordes je vous frappe avec les foudres de la colère céleste. Hors d’ici ! Hors d’ici les voleurs, les brocanteurs, les impudiques, les homicides, les sacrilèges, les idolâtres de la pire idolâtrie : celle du propre moi orgueilleux, les corrupteurs et les menteurs. Dehors ! Dehors ! Ou bien le Dieu Très-Haut balayera pour toujours ce lieu et exercera sa vengeance sur tout un peuple. »

Il ne répète pas les coups de fouet de l’autre fois, mais comme les marchands et les changeurs tardent à obéir, il va au comptoir le plus proche et le renverse en répandant balances et pièces de monnaie sur le sol.

Les vendeurs et les changeurs se hâtent de suivre l’ordre de Jésus, après avoir eu ce premier exemple. Et Jésus crie derrière eux : « Combien de fois devrai-je vous dire que ce ne doit pas être un lieu de souillure mais de prière ? » Et il regarde ceux du Temple qui, obéissant aux ordres du Pontife, ne font pas un geste de représailles.

Guérison des malades.

La cour purifiée, Jésus va vers les portiques où sont rassemblés des aveugles, des paralytiques, des muets, des estropiés et autres affligés qui l’invoquent à grands cris.

« Que voulez-vous que je vous fasse ? »         
« La vue, Seigneur ! Les membres ! Que mon fils parle ! Que ma femme guérisse ! Nous croyons en Toi, Fils de Dieu ! »      
« Que Dieu vous écoute. Levez-vous et dites des hosannas au Seigneur ! »       

Ce n’est pas un par un qu’il guérit les nombreux malades, mais il fait de la main un geste large, et grâce et santé en descendent sur les malheureux qui se dressent sains avec des cris de joie qui se mêlent à ceux des nombreux enfants qui se serrent près de Lui en répétant :        
« Gloire, gloire au Fils de David ! Hosanna à Jésus de Nazareth, Roi des Rois, et Seigneur des Seigneurs ! »     

Des pharisiens, en feignant le respect, Lui crient : « Maître, tu les entends ? Ces enfants disent ce qu’il ne faut pas dire. Reprends-les ! Qu’ils se taisent ! »      

« Et pourquoi ? Le roi prophète, le roi de ma race n’a-t-il pas dit peut-être : « De la bouche des enfants et des nourrissons tu as fait sortir la louange parfaite pour confondre tes ennemis » ? N’avez-vous pas lu ces paroles du psalmiste ? Permettez aux petits de dire mes louanges. Elles leur sont suggérées par leurs anges qui voient sans cesse mon Père et connaissent ses secrets et les suggèrent à ces innocents. Maintenant laissez-moi tous aller prier le Seigneur »

Passant alors devant les gens il passe dans la Cour des Israélites pour prier…       

Et puis, sortant par une autre porte, en frôlant la piscine probatique, il sort de la ville pour revenir sur les collines du mont des Oliviers. Les apôtres sont enthousiastes… Le triomphe leur a donné de l’assurance, et ils sont oublieux, complètement oublieux de toutes les terreurs que les paroles du Maître avaient suscitées… (…)

Chapitre complémentaire : Le Temple de Jérusalem