Le christianisme en Libye

Simon de Cyrène

Texte écrit en 1989 – Source : www.cath.ch/

L’Église de Libye a derrière elle une riche histoire. Simon de Cyrène (Mc 15,21), la Pentecôte des nations (Ac 2,10) et Lucius, compagnon de Paul à Antioche (Ac 13,1) lui donnent déjà sa place dans le Nouveau Testament. Selon les traditions de l’Église copte, saint Marc serait même né à Derna en Cyrénaïque, ce qui d’ailleurs expliquerait qu’il soit le seul évangéliste à signaler la présence d’un habitant de Cyrène sur le chemin de croix de Jésus.

Pendant les premiers siècles, l’Église de Tripolitaine sera dans la mouvance de Carthage, tandis que celle de Cyrénaïque (Libye orientale) sera en lien avec le patriarcat d’Alexandrie et avec Byzance.

La pénétration arabe entre le VIIe et le XIIe siècle devait entraîner la disparition du christianisme en Libye, comme dans le reste de l’Afrique du Nord. Une présence chrétienne permanente renaît cependant, grâce aux Franciscains, à partir du XVIIe siècle. Ils assurent d’abord le service des esclaves chrétiens des bagnes de Tripoli, puis progressivement celui des marchands et d’une émigration originaire surtout de Méditerranée.

L’époque italienne

A la veille de la colonisation italienne (1911), on compte déjà dix mille chrétiens et, à leur service, plusieurs communautés de Pères franciscains. De la période coloniale à la situation actuelle La présence coloniale italienne devait amener de 1911 à 1943 le développement d’une importante communauté chrétienne qui s’appuyait sur une structure ecclésiale composée de deux diocèses (Tripoli et Benghazi). La présence de communautés religieuses féminines permettait la naissance, dans la plupart des villes et mêmes dans certains villages d’institutions chrétiennes éducatives et sociales dont bénéficieraient non seulement la population chrétienne, mais aussi les musulmans.

La période Kadhafi

Une nouvelle étape de cette histoire allait commencer après l’indépendance (1951), avec le développement technologique du pays, grâce aux revenus pétroliers, déjà au temps du Roi Idris, et plus résolument encore avec l’arrivée au pouvoir du colonel Maamar Kheddafi, et la fondation de la Djamahiriyya (République des masses) libyenne.
Le pouvoir révolutionnaire demandait alors le départ de toute la population italienne résidente (1970). Ainsi disparaissait la quasi-totalité des anciennes communautés chrétiennes avec leurs églises ou institutions. Un modus vivendi avec le Saint-Siège aboutissait à un accord qui prévoyait la présence en Libye d’un maximum de dix prêtres avec deux Églises, l’une à Tripoli, l’autre à Benghazi. Mais le pays était conduit, peu après à faire appel à une main-d’œuvre étrangère de plus en plus nombreuse. Il demandait aussi l’assistance de religieuses dans les hôpitaux et les institutions sociales de l’État.
Cette évolution entraînait de fait le rétablissement du culte chrétien partout où il était nécessaire pour le service des étrangers. Les religieuses demandées par le Ministère de la Santé étaient autorisées à entrer dans le pays avec un prêtre pour chaque nouveau groupe de sœurs. Des logements leur étaient assurés (ainsi qu’aux prêtres d’ailleurs), dans lesquels des chapelles pouvaient accueillir les chrétiens travaillant dans la région.

La présence chrétienne en 1989

Les deux bases actuelles de la présence chrétienne. Actuellement (1989), la présence chrétienne repose donc sur deux réalités complémentaires, d’une part le travail social des religieuses dans les institutions de l’Etat, d’autre part l’animation de la vie chrétienne des travailleurs étrangers. En 1989, les religieuses sont au nombre d’une centaine : 30 à Tripoli et 70 en Cyrénaïque.

L’autre base de la présence chrétienne est celle des étrangers, ouvriers ou cadres techniques, dont le nombre est proportionnellement beaucoup plus élevé que dans aucun autre pays du Maghreb. On parle de plusieurs centaines de milliers en Lybie. Chacun des groupes, indien, turc, pakistanais, égyptien etc… compte plusieurs milliers de personnes. On estime à 8.000 les Polonais, à 15.000 les Philippins et à 20.000 les Coréens.

Les catholiques de ces communautés étrangères se retrouvent pour les offices dans les camps ou ils ont aménagé une chapelle. Ceux qui ont un logement indépendant en ville vont dans les deux paroisses de Tripoli ou Benghazi. Chacune d’elles organise un grand nombre d’offices dans les langues les plus diverses. Dans les petites villes, c’est la communauté religieuse qui sert de support à la vie chrétienne. Les coptes orthodoxes ont, eux aussi, obtenu des autorités libyennes que deux églises leur soient concédées, l’une à Tripoli et l’autre à Benghazi. Les communautés grecques orthodoxe et protestante ont aussi chacune une église.

Époque récente

(Wikipédia) Selon World Christian Encyclopedia, le plus grand groupe chrétien sont les Catholiques romains, suivis par les orthodoxes et les protestants. Environ 40 000 catholiques romains vivraient en Libye, principalement d’origine italienne ou maltaise, avec deux évêques, un à Tripoli et un à Benghazi.

Il existe une paroisse anglicane à Tripoli, dépendant du diocèse anglican égyptien au Caire.
Il existe également des prêtres orthodoxes coptes et orthodoxes grecs. La majorité des chrétiens de Libye seraient des Coptes d’Égypte (60 000).

Être chrétien dans ce pays n’est pas sans problème : impossible de célébrer le dimanche, difficulté à porter les signes de sa foi (une simple croix, par exemple), etc. Très souvent les catholiques rassemblés devant la seule église de Tripoli sont l’objet de manifestations hostiles. Dernièrement, une voiture a foncé volontairement dans la foule. Par miracle, les fidèles ont pu éviter le pire.
Enfin, de très nombreux migrants Africains sont Chrétiens : ils sont souvent Protestants, ou Catholiques, ou Coptes Orthodoxes, et viennent du Nigeria, du Ghana, d’Erythrée, d’Ethiopie, du Soudan, etc…

Le nombre de chrétiens augmente en Libye.

Extrait du site : chretiens.info (2016)

En Libye, les chrétiens qui sont confrontés à de graves persécutions et à la violence des extrémistes islamistes intercèdent en faveur de leur pays et pour le développement de l’Église.
On ne parle que peu du christianisme dans ce pays, mais les chrétiens y vivent de graves persécutions, comme c’est le cas d’un responsable chrétien immigrant qui vit à l’heure même de grandes difficultés. Ces dernières années aussi, la faible minorité de chrétiens a été gravement éprouvée.
En février 2014, en effet à l’est de Benghazi, sept chrétiens coptes ont été traînés hors de leurs maisons au milieu de la nuit, exécutés par une balle dans la tête.

Autre évènement tragique qui a bouleversé les consciences : après avoir été enlevés par les forces de l’État islamique en janvier 2015, vingt et-un chrétiens coptes ont été exécutés de façon atroce en février 2015.
À partir de ce pays, de nombreuses personnes tentent de rejoindre l’Europe. Des trafiquants profitent de cette situation pour monnayer la traversée mais dans des conditions souvent très périlleuses. Beaucoup perdent la vie lorsqu’ils sont transportés dans des bateaux clandestins qui quittent les rives de la Libye.

Malgré une augmentation de la violence contre les chrétiens, beaucoup de Libyens continuent à accepter Christ comme Sauveur et sont baptisés en secret. En 2015, on estimait que quelque 1500 chrétiens d’origine musulmane résidaient dans le pays. Ce sont eux qui endurent la persécution la plus grande.

Les protestants représentent moins de 1% de la population de la Libye. Des groupes de chrétiens pentecôtistes, qui ne sont pas officiellement approuvés par le gouvernement Libyen se retrouvent dans certaines villes comme Tripoli ou Misrata.

Le prosélytisme est interdit et contrôlé par la police secrète, la littérature religieuse strictement restreinte et la Bible en arabe libyen n’existe pas. Le gouvernement a limité le nombre de lieux de culte par dénomination chrétienne à une par ville. Les chrétiens font face à la persécution par les autorités.

Il y aurait aussi près de 60 000 chrétiens coptes, qui représentent près de 1 % de la population, et 40 000 catholiques romains.

Petite anecdote

Les origines corse de Kadhafi

Le colonel Kadhafi était le fils d’un aviateur corse, le capitaine Albert Preziosi. Lorsque l’on compare des photos, La ressemblance physique avec Kadhafi est frappante. En 1935, Albert Preziosi fait partie de la première promotion de l’École de l’air de Salon-de-Provence. Le 17 juin 1940, il rejoint Londres avec deux autres officiers, où il suit une formation de pilote de chasse et s’engage dans les Forces aériennes françaises libres (FAFL). Le lieutenant est affecté au Moyen-Orient. Il était stationné en Libye durant les années 1941-42, avant de tomber en combat aérien en Russie en 1943 au sein de la prestigieuse escadrille Normandie-Niémen.

Pendant l’été 1942, l’avion piloté par Albert Preziosi s’écrase dans le désert libyen. Selon d’anciens membres de son groupe, le soldat Preziosi aurait alors disparu pendant un mois, au cours duquel il aurait rencontré une jeune femme. Selon Pierre Lorillon, l’un des derniers rescapés de l’escadrille Normandie-Niémen, « Albert aurait été recueilli par une tribu libyenne, puis soigné par une jeune femme noble avec laquelle il aurait eu un enfant ».

Albert Preziosi aurait fait la confidence suivante à son supérieur : « Tu sais que j’ai eu un enfant en Libye. S’il m’arrive quelque chose en manœuvres, fais-lui parvenir cette lettre. » Quelques semaines plus tard, l’aviateur Preziosi meurt en vol sur le front russe. « Par la suite, personne n’a eu cette lettre entre les mains ».

Qui a révélé cette histoire ? Kadhafi lui-même. Lors d’une réunion de chef d’État africain où se trouvait Kadhafi. Il remarqua qu’un des conseillers d’un des chefs d’État était corse (à cette époque, les chefs d’États africains aimaient s’entourer de conseillers européens). Il le rencontra en coulisse et lui dit : savez-vous qu’un de vos compatriotes se trouvait dans la salle ? Et il lui révéla ses origines. L’article que j’avais lu qui racontait cette histoire était illustré par une photo de Albert Preziosi mise à côté de Kadhafi au même âge, et il était impossible de douter de cette histoire tant la ressemblance était forte.