Le péché originel

Qu’est-ce que ce péché originel ?

Message de Dieu – Soeur Beghe – Le Samedi 25 mars 2023 – Lire le message en entier sur le site d’origine.

Mes enfants, quand vous vous tournez vers Moi et que vous priez, évacuez de vos pensées tout ce qui n’est pas Moi. Ouvrez-moi votre cœur et soyez tout à Moi comme vous le désirez et comme moi surtout Je le désire.
Vous êtes mes enfants, mes très chers et vous vous appliquez à m’aimer quoique, bien souvent, vous pensez trop à vous-mêmes dans vos prières au lieu de penser à moi, à mon enseignement, à mes souffrances pour vous sauver de la ruine spirituelle et de tous les maux que vous auriez soufferts si Je n’étais pas venu m’incarner pour vous secourir et vous sauver.
Je vous ai récupérés parce que le démon vous avait volés, il vous avait enchaînés et vous étiez destinés à la peine éternelle depuis que vous étiez perdus par le péché originel. Qu’est-ce que ce péché originel, tant rejeté ou même ignoré par tant de chrétiens ?

Ce péché est un acte profondément mauvais commis par vos premiers parents, Adam et Eve, qui avaient été créés parfaits, choyés et gâtés autant que pouvaient l’être un fils et une fille bien- aimés, héritiers de toutes les vertus et de tous les ornements spirituels que Dieu pouvait leur attribuer. Ils étaient beaux, aimants, reconnaissants, attirés par le bien et par l’attrait de Dieu, pensant à Lui être fidèles et dévoués, Le connaissant aussi parfaitement que le pouvait une créature bénie, plus que le plus grand saint parce que tous les hommes, sauf la Très Sainte Vierge Marie, étaient dorénavant marqués par les conséquences de ce péché de rébellion à la grâce, de désobéissance au Créateur et d’orgueil par rapport à leur condition.

Le péché originel fut un affront à Dieu, gratuit et inconsidéré, et il brisa la confiance existant entre le Créateur et la créature, fondement de tout rapport équilibré et chaleureux.
Lorsque Lucifer se retourna contre Dieu, pris par un orgueil démesuré et une jalousie aiguisée par l’envie d’être lui-même Dieu à sa place et en sa divinité, il perdit d’un seul coup toutes ses vertus et il ne lui resta plus que son état angélique privé de tout ce qui faisait sa beauté, son exemplarité et son exquise délicatesse. Il devint laid, grossier et effrayant, et voulut sans cesse briser toute influence divine en la création parce qu’il n’avait pas pu se l’approprier.

Il en fut de même pour Adam et Eve. Ayant péché gravement, ils perdirent tous les dons et les vertus que Dieu leur avait accordés gracieusement et il ne leur resta plus que leur condition humaine finie, c’est-à-dire naturellement destinée à la mort. Comme Lucifer, ils se virent alors tels qu’ils étaient, c’est-à-dire nus ; nus en leur aspect corporel mais nus aussi en leur aspect spirituel. Ils avaient perdu la grâce sanctifiante qui les rendait aimables à Dieu qui se reconnaissait en eux, ils avaient perdu les dons du Saint Esprit et, parmi ces dons, la science infuse qui leur aurait permis de gérer la terre selon la volonté de Dieu et non selon leur propre intempérance. Ils furent laissés à eux-mêmes et si Adam et Eve, repentis et ayant connu Dieu, L’ont enseigné à leur descendance restée auprès d’eux, les autres, partis ailleurs, L’oublièrent et se conduisirent selon leurs penchants devenus mauvais par l’absence de la grâce et de la piété nécessaire pour demeurer compétents. Et le monde, esclave de Satan, devint de plus en plus mauvais à tel point que Dieu décida de l’annihiler. Ce fut le Déluge et la restauration de l’humanité par Noé et ses fils.

Cette période pré-diluvienne ne vous est pas connue, la seule connaissance qui vous en est laissée est le récit de la Bible, dont la généalogie des Patriarches d’Adam à Noé (Genèse, du chapitre 1 au chapitre 9, verset 17). Que s’est-il passé ? Qu’est-ce qui a motivé la colère divine au point de vouloir exterminer toute vie, sauf celles montées dans l’Arche ? Cette histoire-là, vous ne la connaîtrez qu’au Ciel lorsque de là, comme Dieu, vous pourrez tout voir et tout entendre de tous les âges de la terre et du firmament.

Marqués profondément et intimement par cette tare originelle, vous aurez, mes enfants, à vous en soucier toujours et jusqu’à la fin du monde parce que cette tare est génétique et elle est aussi en votre âme. Elle est génétique en votre corps parce que transmise physiquement par la vie corporelle, mais elle est aussi inscrite en toute âme à cause de la faute de Lucifer, qui eut dans l’Au-delà des conséquences invisibles qui ne seront connues parfaitement qu’au Jugement Dernier, lorsque Dieu jugera de toute chose.

En effet, si la faute de Lucifer eut des conséquences désastreuses dans le monde visible, elle fut aussi immensément dommageable pour le monde invisible et particulièrement pour les parties proches de la terre. Le purgatoire fut un lieu inexistant avant le péché originel parce que seules les âmes humaines y ont accès comme dans un hôpital réservé aux seuls humains, et il est conforme à la foi d’affirmer que le purgatoire disparaîtra à la fin du monde.

Le monde invisible est inconnu des hommes mais il disparaîtra au moment du Jugement Dernier : il n’y aura plus alors que le Ciel et l’Enfer, car l’Éternité, bienheureuse ou malheureuse, fait partie de votre foi. Et pour ce qui concerne le temps actuel, Je veux encore dire que la terre, agressée par l’imprudence et le mésusage des hommes, sera miraculeusement préservée lorsque les démons voudront la détruire, comme ils veulent détruire l’humanité et tout ce qui est l’œuvre de Dieu. Ils détruiront beaucoup, mais Dieu leur est supérieur ; ceux qui mettront en Dieu leur totale confiance et leur docilité à Sa volonté seront préservés.

Que Dieu soit béni et aimé, Je vous bénis et Moi, Je vous aime. Ainsi soit-il.
Votre divin Maître et Seigneur.

Chapitre complémentaire : Adam et Eve

Dieu n’interdit pas à Adam de toucher aux fruits de l’Arbre de la Vie. Il interdit de toucher aux fruits inutiles de l’Arbre de la Science.

Extrait du livre « Maria Valtorta – Leçon sur l’épitre de Saint Paul aux romains » (Leçon 23)

Le Doux Hôte me dit: (…) Lorsque l’homme s’est réveillé de son premier sommeil et a trouvé près de lui la compagne de sa vie, il a senti que Dieu avait rendu total son bonheur. Le bonheur d’Adam était déjà très grand, même avant. Car tout en lui, à l’extérieur comme à l’intérieur, tout, avait été fait pour lui permettre de jouir d’un bonheur complet, fait de santé et de sainteté.

Le paradis perdu (l’Éden)

Les délices, c’est-à-dire l’Éden, n’étaient pas seulement autour d’Adam, mais aussi au-dedans de lui. Adam était entouré d’un jardin peuplé de merveilles végétales, animales et marines, mais un jardin de beautés spirituelles fleurissait aussi à l’intérieur de lui. C’était un jardin rempli de vertus de tout genre, prêtes à mûrir en fruits de sainteté parfaite. Il y avait l’arbre de la science, une science proportionnée à son état, et il y avait celui de la vie surnaturelle : la Grâce.
Il y avait aussi la source divine aux eaux précieuses qui se départissaient en quatre branches et arrosaient constamment les vertus de l’homme, les nourrissant abondamment en vue de leur croissance glorieuse de sorte que l’homme devienne un miroir de Dieu toujours plus fidèle.

En tant que créature naturelle, Adam jouissait de ce qu’il voyait: la beauté d’un monde vierge, à peine sorti de la puissance créatrice de Dieu. Il jouissait de ce qu’il pouvait : de son empire sur toutes les créatures inférieures.
Dieu avait disposé toute chose pour que l’homme soit bien servi. Depuis le soleil jusqu’au moindre insecte, tout avait été conçu pour que tout lui fût délice. Comme créature surnaturelle, il jouissait – c’était là une extase très suave de la raison – de la compréhension de l’Essence de Dieu, qui est l’Amour.

Il jouissait des rapports d’amour entre l’Immense qui se donnait et sa créature qui l’aimait dans un état d’adoration. Cette capacité accordée à l’homme de communiquer avec son Créateur est décrite dans la Genèse, de façon voilée, dans la phrase : « Ayant entendu la voix de Dieu qui se promenait dans le jardin d’Eden, dans la brise du soir ».
Même si les fils adoptifs de Dieu étaient déjà doués d’une science proportionnée à leur état, le Père leur apprenait encore des choses, car l’amour de Dieu est infini: après avoir donné, Dieu le Père désire donner encore et encore. Et cela d’autant plus que la créature lui est plus fille. Dieu se donne toujours à celui qui se donne avec générosité.
Alors donc que l’homme, à son réveil, a vu la femme qui lui ressemblait, il a senti que son bonheur de créature était complet : il possédait le tout humain et le Tout surhumain, l’Amour s’étant livré à l’amour humain.

L’Arbre de la Science du bien et du mal.

La seule limite que Dieu avait fixée aux immenses possessions de l’homme était l’interdiction de cueillir les fruits de l’Arbre de la Science du bien et du mal. Vouloir cueillir de ce fruit inutile était sans raison, vu que l’homme avait déjà la science qui lui était nécessaire, et qu’une mesure supérieure à celle établie par Dieu ne pouvait que lui causer dommage.

Remarquez bien : Dieu n’interdit pas de cueillir les fruits de l’Arbre de la Vie. L’homme en avait besoin pour vivre une vie saine et prolongée sur le plan naturel, jusqu’au moment où Dieu, poussé par un désir plus vif de se dévoiler totalement à son fils adoptif, aurait prononcé les paroles :
« Mon fils, monte à ma demeure ; viens te plonger en ton Dieu« ; ce qui aurait permis à Adam de monter au Paradis céleste sans la souffrance de la mort.

L’Arbre de la Vie dont il est question au début et à la fin du Livre de la Grande Révélation, la Bible, représente le Verbe Incarné – dont le fruit, la Rédemption, a été suspendu au bois de la croix -, ce Jésus-Christ qui est Pain de Vie, Source d’Eau Vive, Grâce, et qui vous a rendu la Vie avec sa Mort. Vous pouvez toujours manger et boire de ce Fruit pour vivre la vie des justes et parvenir à la Vie éternelle.

Dieu n’interdit pas à Adam de toucher aux fruits de l’Arbre de la Vie. Il interdit de toucher aux fruits inutiles de l’Arbre de la Science. En effet, un surplus de savoir aurait réveillé l’orgueil chez l’homme, qui par la nouvelle science acquise se croirait l’égal de Dieu. Il deviendrait assez sot pour se croire capable de posséder cette science sans danger, ce qui aurait entraîné un droit abusif à l’auto-censure de ses propres actions, et la conviction de pouvoir agir contre son devoir de filiale obéissance envers son Créateur – vu la supposée égalité désormais acquise sur le plan du savoir avec son Créateur – avec son Dieu qui lui avait amoureusement expliqué soit directement, soit par grâce et la science infuse, ce qui est permis et ce qui est défendu.

La mesure donnée par Dieu est toujours la bonne. Celui qui en veut plus manque de prudence, est intempérant, imprudent, irrévérent. Il blesse l’amour. Celui qui s’arroge le droit de prendre ce qui ne lui est pas offert est un voleur et un violent. Il blesse l’amour.
Celui qui agit indépendamment de toute Loi surnaturelle et naturelle est un rebelle. Il blesse l’amour.

Devant l’ordre donné par Dieu, les Premiers Parents auraient dû obéir sans se poser trop de « pourquoi », dont le résultat est toujours le naufrage de l’amour, de la foi et de l’espérance. Lorsque Dieu donne un ordre, ou agit, il faut obéir et faire sa volonté, sans demander le pourquoi de ceci et de cela. Tout ce que Dieu fait est bien fait, même si la créature, limitée dans son savoir, n’arrive pas à s’en convaincre.

Pourquoi n’auraient-ils pas dû s’approcher de cet arbre, cueillir de ses fruits et en manger ? Inutile de le savoir. Ce qui est utile, c’est d’obéir, rien d’autre. Se contenter du beaucoup qu’on a reçu. L’obéissance est amour et respect, elle est la mesure de l’amour et du respect. Plus on aime et vénère une personne, plus on lui obéit. Ici, en l’occurrence, les ordres venaient de Dieu – l’infiniment Grand, l’infiniment Bon, le Bienfaiteur très généreux de l’homme, – celui-ci aurait dû, en signe de reconnaissance, lui donner non seulement « beaucoup » d’amour, mais « tout » l’amour et toute l’adoration dont il était capable. Il aurait dû lui donner toute son obéissance sans songer aux raisons de la prohibition divine.

Les discussions présupposent le droit de juger par soi-même et de critiquer les ordres ou les actions d’autrui. Juger n’est pas chose facile, et il est rare que le jugement soit juste. Il ne l’est jamais lorsqu’on déclare inutile, erroné ou injuste un ordre divin. L’homme devait obéir. L’épreuve aurait prouvé en lui cette capacité d’obéissance. La mesure de son amour et de sa révérence consistait dans la façon dont il aurait ou n’aurait pas su obéir.

L’arbre et la pomme. Deux choses, menues, insignifiantes si on les compare aux richesses de toutes sortes que Dieu avait accordées à l’homme. Et quoi donc ? Dieu s’était donné lui-même et il voudrait empêcher que l’on touche à un fruit ? Quoi donc ? Il avait donné à la poussière la vie naturelle et surnaturelle, il avait transmis à l’homme son propre souffle, et maintenant il lui défendrait de cueillir un fruit ? Quoi donc ? Il avait créé l’homme roi de toutes les créatures, lui avait accordé le statut de fils plutôt que celui de son sujet, et maintenant il lui défendrait de manger un fruit ?

A ceux qui ne savent pas réfléchir avec sagesse, cet épisode peut paraître inexplicable, tel l’entêtement capricieux d’un bienfaiteur qui, après avoir recouvert un mendiant de toutes sortes de richesses, lui défend par la suite de ramasser un petit caillou perdu dans la poussière. Mais ce n’est pas ainsi.

La pomme n’était pas seulement une réalité : celle d’un fruit. La pomme était aussi un symbole. Le symbole du droit divin et du devoir humain. Ainsi, lorsque Dieu appelle des êtres, et les gratifie de ses dons extraordinaires, les personnes gratifiées devraient toujours se rappeler que c’est lui qui est Dieu, et que l’homme ne devrait jamais abuser des privilèges qui lui sont accordés, même s’il se rend compte que Dieu l’aime de façon extraordinaire.

Il y aura toujours un arbre pour vous mettre à l’épreuve.

Pourtant, les élus qui savent surmonter cette épreuve sont peu nombreux. Bon nombre d’entre eux en veulent plus par rapport à ce qu’ils ont déjà reçu, et vont cueillir ce qui ne leur est pas donné. C’est ainsi qu’ils trouvent le Serpent et ses fruits empoisonnés.

Faites attention, ô vous les élus ! Rappelez-vous que dans votre jardin, si bien rempli des dons du Très-Haut, il y aura toujours un arbre pour vous mettre à l’épreuve. C’est autour de cet arbre que l’Adversaire de Dieu, qui est aussi le vôtre, tâche constamment de s’enrouler. Il est là pour essayer d’arracher à Dieu un de ses instruments en vous séduisant par l’orgueil, l’avidité, la rébellion.

Ne touchez pas aux droits de Dieu. Ne piétinez pas la loi de votre devoir. Jamais. Les instruments de Dieu semblent être nombreux. Selon certains d’entre vous, ces « voix » [ces envoyés] seraient même trop nombreuses.

Eh bien croyez, vous tous, théologiens ou simples fidèles, que ces instruments seraient encore plus nombreux, des centaines de fois plus nombreux, si tous ceux qui sont appelés par Dieu à ce genre de ministère particulier pouvaient vaincre la tentation d’en prendre encore plus, s’ils savaient s’abstenir de cueillir ce que Dieu n’a pas donné.

Pour tous les fidèles, le Décalogue, arbre de la science du Bien et du Mal, est un test destiné à vérifier leur foi, leur amour, leur obéissance.
Pour les « voix » et les instruments extraordinaires, cet arbre est encore plus attrayant, encore plus et mieux piégé par Satan. Plus le don est grand, plus l’orgueil, l’avidité, la présomption de pouvoir se sauver quoi qu’il advienne, sont faciles à surgir.

Mais je vous dis, Moi, que celui qui reçoit beaucoup à le devoir d’être plus parfait que les autres s’il veut éviter de recevoir une plus grande condamnation. Celui qui aura peu reçu aura la circonstance atténuante d’avoir peu reçu. Sa condamnation ne pourra pas être aussi grave que celle réservée à celui qui a reçu beaucoup.

Voici une question que je voudrais prévenir : est-ce que l’arbre en question portait à la fois des bons fruits et des mauvais ?

Il n’était pas différent des autres. Il portait les mêmes fruits. Mais il était l’arbre du bien et du mal. Il le devenait en fonction du comportement de l’homme, pas tellement à l’égard de l’arbre, qu’à l’égard de l’ordre divin.

Obéir, c’est bien. Désobéir, c’est mal. Dieu savait que Satan aurait approché l’arbre en question dans le but de séduire. Dieu sait tout. Le mauvais fruit était la parole de Satan avalée par Ève. Le danger d’approcher cet arbre était dans la désobéissance. À la science pure que Dieu avait donnée, Satan a injecté sa malice impure, malice qui avait bientôt fini par fermenter jusque dans la chair.

Mais Satan, dans un premier temps, a corrompu l’esprit : il l’a rendu rebelle.
Dans un deuxième temps, il a corrompu l’intelligence : il l’a rendue fourbe.

Oh, oui ! Ils l’ont bien connue, après coup, la science du Bien et du Mal, car tout, même leur nouveau regard, qui leur a fait prendre conscience d’être nus, les avertissait de la perte du don de la Grâce et de la conséquente disparition de la vie surnaturelle qui jusque-là les avaient rendus heureux dans leur savoir innocent.

Nus ! Dépouillés moins des vêtements corporels que des dons de Dieu. Pauvres ! Pauvres pour avoir voulu être comme Dieu. Morts ! Morts pour avoir eu peur de disparaître avec leur espèce s’ils n’avaient pas pris l’initiative d’agir directement.

Le premier acte contre l’amour a été commis par l’orgueil, la désobéissance, la méfiance, le doute, la rébellion et la concupiscence spirituelle. En dernier, il a été achevé par la concupiscence de la chair. J’ai bien dit : en dernier.

Plusieurs pensent le contraire : que l’acte de concupiscence de la chair ait été le premier. Non. Dieu est ordre en toutes choses. Même dans ses rapports avec la loi divine, l’homme a péché premièrement contre Dieu. Il a voulu être semblable à Dieu. Il a voulu être « dieu » dans la connaissance du Bien et du Mal. Il a voulu une liberté d’agir absolue, donc illicite. Il a voulu la liberté d’agir selon son bon vouloir et plaisir, contre tout conseil ou prescription divine. Deuxièmement, il a péché contre l’amour.

Il s’est aimé de façon abusive, en niant à Dieu l’amour révérenciel qui lui revient, en mettant son propre moi à la place de Dieu, et en témoignant de la haine pour son prochain à venir : à sa propre race il a transmis l’héritage de la faute et de la condamnation.

En dernier lieu, il a péché contre sa dignité de créature royale, créature qui avait reçu le don de la parfaite maîtrise sur ses propres sens. Le péché de la chair ne pouvait pas avoir lieu tant que l’état de Grâce et les autres états conséquents étaient encore présents et actifs. Tant que persistait l’innocence, et donc la domination de la raison sur les sens, la tentation sensuelle aurait pu survenir, mais l’homme n’aurait pas consommé la faute sensuelle.

Le châtiment.

Il n’a pas été disproportionné, mais juste. Pour comprendre ce châtiment, il faut prendre en considération la perfection d’Adam et Ève. Si on considère le sommet où Adam et Ève se trouvaient, on peut mesurer la profondeur de l’abîme dans lequel ils sont tombés.

Si certains parmi vous étaient pris et placés par Dieu dans un nouvel Eden, tels que vous êtes à l’état actuel, mais ayant reçu les mêmes ordres qu’avait reçu Adam, croyez-vous que, vous rendant coupables de son péché, vous seriez traités avec la même rigueur dont a été traité Adam? Non. Dieu est juste. Il connaît le terrible héritage qui est en vous. Les conséquences du péché originel ont été réparées par le Christ pour ce qui est de la Grâce. Mais la faiblesse de la blessure qui a été infligée à votre perfection originelle demeure.

Cette faiblesse consiste en la présence en vous de mauvais appétits, ou penchants, qui comme des germes d’infection latents, mais présents, sont toujours prêts à se révolter en vous et à accabler votre personne. Ils sont présents même chez les saints.

Au fond, la sainteté n’est autre chose que te fruit de la lutte continuelle que l’âme et la raison des justes mènent contre les assauts de leurs mauvais penchants, et fruit de la victoire qu’ils remportent dans l’effort de demeurer fidèles à l’Amour.

Aujourd’hui, Dieu, qui est infiniment juste, ne serait pas inexorable avec personne de vous comme il le fut avec Adam. Avec Adam, oui, il a été sévère, car Adam avait tout pour vaincre la tentation, et la vaincre facilement. Mais dans le châtiment même, où l’on voit que si l’homme prévaricateur n’a pas respecté les limites posées par Dieu, Dieu, lui, a respecté les limites qu’il s’était fixées à l’égard de l’homme.

Dieu n’a pas violé le libre arbitre de l’homme. L’homme, par contre, a violé les droits de Dieu.

Dieu n’a pas violé la liberté d’action de l’homme, ni avant, ni après la faute. Il avait soumis l’homme à une épreuve. Il savait, étant Dieu, que l’homme ne l’aurait pas surmontée.

Mais il était juste que l’homme y fût soumis pour pouvoir être confirmé en grâce. Les anges, pour les mêmes raisons, ont subi leur épreuve, et Dieu a confirmé en grâce ceux qui en sont sortis victorieux. En soumettant l’homme à l’épreuve, Dieu, pour la même fin, l’a laissé libre d’agir à sa guise.

Si Dieu eût voulu violer le libre vouloir de l’homme de se choisir une destinée, dans ce cas ou il ne l’aurait pas soumis à l’épreuve, ou bien il lui aurait lié les puissances du vouloir de façon à l’empêcher de mal agir. De même, s’il eût voulu le récompenser à n’importe quel prix, il le pardonnerait à l’avance, ou bien, pour avoir un prétexte pour lui pardonner, il aurait suscité dans son cour la contrition parfaite, ou alors, du moins, une forme d’attrition, un regret des biens perdus. Ensuite, avec un rayon de son amour, il aurait aidé l’homme à passer de cette attrition imparfaite, conçue pour les biens perdus dans le présent et l’avenir, à une forme de contrition parfaite, conçue pour l’offense faite à Dieu et pour la perte de sa Grâce et de sa Charité.

Explication sur la révolte des Anges.

Dans tous ces cas, cependant, il y aurait eu injustice envers les anges, qui ont été soumis à l’épreuve sans que la puissance de leur volonté ne soit liée, sans pardon anticipé, et sans qu’aucun mouvement de contrition ou d’attrition ne soit provoqué par Dieu pour justifier un pardon divin.

Il faut dire que pour les anges il était bien plus facile d’éviter le péché que pour les hommes, et cela à cause de leurs dons de grâce et de nature (esprits sans corps, libres du poids des sens), et aussi parce qu’ils étaient exempts des pressions internes causées par les sens, et des pressions externes (causées par le Serpent). En plus, ils avaient la connaissance de Dieu. Ils ont néanmoins péché, sans la moindre circonstance atténuante qui pourrait dériver de l’ignorance ou des stimulations sensuelles, par pure malice et par volonté sacrilège de pécher.  De toute façon il n’en fut rien, ni du côté de Dieu, ni du côté de l’homme.

Retour sur Adam et Ève.

Dieu a respecté la volonté humaine. L’homme a persévéré dans son état de révolte envers son divin Bienfaiteur. C’est avec orgueil qu’Adam est sorti du jardin d’Eden, après avoir menti – son pacte avec le Mensonge étant déjà avenu – et après avoir essayé de justifier son péché avec de pauvres excuses.

Ce n’est pas parce qu’ils étaient nus et ce n’est pas par honte de comparaître tels devant Celui qui les avait créés et habillés seulement de grâce et d’innocence, qu’ils se sont fait des ceintures de feuilles. Mais c’est parce que, se sentant coupables, ils ont eu peur de comparaître devant Dieu. La peur, oui. Le repentir, non.

Raison pour laquelle, après les avoir chassés de l’Eden, Dieu « plaça deux chérubins à la porte de ce paradis », de façon à empêcher les deux prévaricateurs d’y entrer à nouveau par ruse, Ainsi le châtiment fut juste. Privation de ce que l’homme avait spontanément méprisé : la Grâce, l’intégrité, l’immortalité, l’immunité, la science.

Perte subséquente de la charité paternelle de Dieu et de son soutien puissant; faiblesse de l’âme blessée; fièvre de la chair réveillée qui délire et la raison étouffée; peur de Dieu; perte de l’Eden où la vie coulait sans peine ni souffrance; sans fatigue, ni mort, ni assujettissement de la femme à l’homme, ni inimitiés entre les hommes, entre frères, entre fils de la même mère; ni délits; ni abus; tous les maux qui tourmentent depuis l’humanité; la peur de mourir et la peur du jugement ; chagrin d’avoir engendré la douleur et chagrin de la transmettre avec la vie même aux êtres les plus chers, dans le but de profiter indûment des fruits de l’arbre de la vie, ce qui aurait rendu vaine une partie du juste châtiment de Dieu, et dépossédé Dieu de son droit : celui de donner la vie ou de la reprendre après l’avoir gardée saine, heureuse et longue avec les fruits bienfaisants de l’arbre de la vie.

Conséquences

Le péché originel, en plus de la condamnation immédiate qu’il a provoquée sur les personnes d’Adam et Ève, a eu des conséquences qui pèsent sur toute l’Humanité, et qui dureront jusqu’à la fin du temps. Comme premier père de la famille humaine, Adam a transmis son infirmité à tous ses descendants. La même chose se produit lorsqu’un homme taré engendre des enfants. Les germes de sa tare sont transférés d’une génération à l’autre. Même si, à l’aide de médicaments appropriés, la virulence de ce germe héréditaire est réduit et muée de façon à diminuer ses ravages, il reste que les descendants de cette lignée ne peuvent pas être aussi parfaits que ceux qui sont engendrés par une constitution parfaitement saine.

« Par l’ouvre d’un seul homme le péché est entré dans le monde ». Cela est écrit, et c’est la vérité.

Cette douleur, avant même d’être proclamée par Paul, elle l’a été par la Sagesse, par l’enseignement du Verbe, et par les Psalmistes. Il s’agit toujours de la voix de Dieu, car ces personnes ont été inspirées par lui. Cette douleur emplit le monde et se transmet de génération en génération.

Elle continuera de se transmettre ainsi jusqu’à la fin du monde. Elle a couvert de son hurlement les lieux où Adam, laborieusement, à la sueur de son front, tirait de la terre le pain de sa subsistance. Et ce cri s’est répandu sur toute la terre. Les horizons, les vallées, les forêts, les animaux l’ont entendu et se le sont répété en frissonnant.

Ce cri a montré à Adam et Ève, comme dans une lumière aveuglante, l’immensité de leur péché, commis non seulement contre Dieu mais aussi contre leur propre chair et leur propre sang. Jusque-là, le verdict de Dieu n’avait pas encore brisé la rébellion de l’homme. Celui-ci, avec l’esprit d’adaptation de l’animal – car l’homme privé de la Grâce n’est rien d’autre que le plus parfait des animaux – s’était vite adapté à son nouveau destin.

Même si ce nouveau destin n’était pas aussi facile et joyeux que le premier, il n’était pas dépourvu de joies humaines qui compensaient les douleurs. La libido se satisfaisait dans l’union des deux chairs qui s’unissaient pour n’en former qu’une. Fusion, oui, mais pas fusion sainte comme Dieu la voulait, et comme l’homme innocent et rempli de science l’avait comprise dans le jardin d’Eden. C’était dorénavant la joie de créer de nouvelles vies par soi-même – oh ! l’orgueil persistant ! – et de se croire pour cela semblables à Dieu Créateur. C’était la joie de dominer les animaux. C’était la satisfaction des récoltes et celle de se suffire à soi-même, sans se sentir obligé de remercier personne. Joies sensuelles, mais joies tout de même.

Oh ! Que d’obscurité de la fumée d’orgueil de ces deux insolents ! Que d’obscurité dans le brouillard de leurs concupiscences effrénées ! Que d’obstination !

La maternité se réalisait dans la douleur, mais la joie des enfants compensait cette douleur. La nourriture n’était pas facile à pourvoir, mais le ventre s’emplissait quand même, et avec satisfaction, puisque la Terre était remplie de bonnes choses. La maladie et la mort étaient très loin, car les corps, créés parfaits, jouissaient d’une santé et d’une virilité qui faisaient croire aux deux arrogants que la vie était bien longue, sinon éternelle.

Et l’orgueil en fermentation suscitait la pensée railleuse : « Le châtiment de Dieu? Où est-il ? Nous sommes heureux même sans Dieu ».

Le premier meurtre – La mort d’Abel.

Mais un jour, l’herbe verte des champs, parsemée des fleurs que Dieu avait créées, est apparue tachée du vermeil du premier sang versé sur la Terre. La mère hurla sur le corps inerte du doux Abel, et le père a compris que ce n’était pas par vaine menace que Dieu lui avait annoncé : « Tu retourneras à la terre d’où tu es venu, car tu es poussière et tu redeviendras poussière ». C’est ainsi qu’Adam mourut deux fois, la première à la mort de son fils – car un père meurt dans la mort de son fils – et la deuxième, au moment de sa propre mort.

Quant à Ève, elle accoucha d’une douleur déchirante en rendant à la terre le corps inanimé de son fils chéri. C’est là qu’elle comprit ce que c’est que d’accoucher dans le péché. Mais au moment même où le châtiment de Dieu frappait comme la foudre – c’était encore de la miséricorde – l’orgueil mourut, et à sa place commença à germer le repentir.

C’était la nouvelle vie. Elle permit aux deux Coupables de remonter le sentier escarpé de la Justice, et de mériter, après bonne expiation et longue attente, le pardon de Dieu par les mérites du Christ. Et de Marie. Oh ! Laissez que je célèbre ici cette vérité sur l’Immaculée, qui a été et qui est toujours à moi. Grâce à notre amour conjoint, elle a donné au monde le Verbe qui s’est fait Chair : l’Emmanuel.

Par l’infidélité de la femme, le genre humain a connu le péché, la douleur, la mort.
Par la fidélité de la Femme, le genre humain a pu renaître à la Grâce, et donc au pardon, à la joie pure, à la Vie.

Par la concupiscence, est venue la mort, toutes les morts. Par la pureté d’une triple virginité – de corps, de pensée, d’esprit – est venue la Vie, la vraie Vie, chez les justes ressuscités à la vie éternelle. Non seulement la vie de la chair, mais aussi celle de la pensée enfin ouverte à la Vérité, et celle de l’esprit enfin ressuscité à la Grâce.

Par le mariage avec Satan est entrée la haine fratricide et déicide. Par le mariage avec Dieu est entré l’amour fraternel et l’amour spirituel : deux amours qui embrassent Humanité et Divinité, qui se déversent sur l’une et sur l’autre, qui se prodiguent pour l’une et pour l’autre. L’Amour incarné et l’Amour virginal se sont offerts tous deux volontairement et totalement. Tous les deux ont été consommés pour que Dieu soit consolé, et que l’homme soit sauvé.

La mort d’Abel a brisé l’orgueil d’Adam et rendu Ève experte de l’atrocité que comporte le fait d’accoucher pour les Ténèbres. La mort du Christ a broyé le Péché et montré à l’Humanité ce que coûte l’accouchement à la Grâce.
Le hurlement d’Ève correspond au cri émis par Marie à la mort de son Fils Très-Saint.
A ceux qui croient que Marie était au-dessus de la douleur parce que pleine de Grâce, je dis que Ève, la coupable, n’a pas souffert la désolation que Marie a souffert dans son innocence.
Si le rugissement d’Ève signa la naissance du repentir, le cri de Marie signa, lui, la naissance de l’ère nouvelle.

Et si l’heure marquée par l’effusion du premier sang humain, répandu par violence criminelle qui fait que la Terre a été maudite deux fois, a été le commencement d’un retour vers la Justice, de façon analogue l’a été l’heure de none qui marque l’effusion de la dernière goutte de Sang du Fils de Dieu. Par-là est descendue des Cieux la Rédemption, comme un fleuve de salut, sortie des deux Cours innocents et blessés du Fils et de la Mère.

La Vie que vous avez, vous l’avez eue non seulement par les mérites de Jésus, mais aussi par les mérites de Marie. La Mère de la Vie, la Mère Vierge, la pure et l’innocente, qui en mettant au monde son Jésus n’avait pas connu les douleurs de l’accouchement – selon la loi de la chair déchue – a connu, et bien connu, les souffrances de l’accouchement le plus douloureux, le vôtre, de celui qui a permis à l’Humanité pécheresse de renaître à la nouvelle Vie de la Grâce.

A cause d’un seul homme l’humanité a connu la mort. Grâce à un seul Homme elle connaît maintenant la Vie. Par Adam, l’Humanité a hérité du Péché et de ses conséquences. Par Jésus, Fils de Dieu et de Marie, l’Humanité hérite à nouveau la Grâce et ses conséquences.

Cette Grâce ne supprime pas, il est vrai, les conséquences terrestres de la faute originelle – car la douleur, la mort vous attristent et les appétits de la chair persistent en vous, et vous dérangent, vous font peur, vous gardent dans la lutte -mais elle vous aide puissamment à supporter vos présentes douleurs, dans l’espoir du Ciel à venir. Cette même Grâce vous aide à affronter la peur de la mort, par la connaissance de la Miséricorde divine. Elle vous aide aussi à vous opposer à la chair, à dompter ses appétits avec l’aide surnaturelle obtenue par les mérites du Christ, et les Sacrements qu’il a institués.

J’avais dit: « La Grâce ne supprime pas les conséquences terrestres de la Faute… ». C’est là justement le point qui provoque la rébellion de plusieurs, qui s’exclament : « Où est la justice dans tout cela ? Le Rédempteur, ne pouvait-il pas nous remettre la perfection dans son ensemble ? ».

Il était juste qu’il en fût ainsi. Tout ce que Dieu fait est juste. L’homme n’a pas été blessé lors d’un affrontement avec Dieu, de façon à ce que Dieu soit dans l’obligation de réparer lui-même les dommages causés volontairement ou involontairement.

L’homme s’est blessé par lui-même, consciemment et volontairement.

Lorsque, dans la vie de tous les jours, un homme se blesse de façon tellement grave, qu’il s’en sort mutilé, taré, ou tout au moins marqué de graves cicatrices, pas même le meilleur des médecins n’est en mesure de tout réparer, ou de tout refaire, surtout lorsqu’il s’agit d’un membre amputé.

Adam s’est amputé lui-même, et par lui-même, de la Grâce, de la vie surnaturelle, de l’innocence, de l’intégrité, de l’immunité, de l’immortalité et de la science. Comme chef de file de toute la famille humaine, il a transmis sa pénible hérédité à toute sa descendance.

Mais l’Humanité, plus chanceuse que l’homme individuel, a pu obtenir sa guérison par les mérites de Jésus, Rédempteur et Sauveur. Elle a reçu même davantage : la « re-création » dans la Grâce, qui est la vie de l’âme. A travers les Sacrements que Jésus a institués, et les vertus transmises par ces Sacrements, à travers aussi mes dons, il vous a obtenu les moyens qui vous font grandir toujours plus dans la perfection.

Cette perfection atteint son point culminant avec la « super-création », c’est-à-dire la sainteté.

Toutefois, même le Sacrifice de l’Homme-Dieu, qui pourtant vous a remis les dons perdus, et vous a fait remonter à l’ordre surnaturel – c’est-à-dire à la capacité de connaître, aimer et servir Dieu en cette vie, pour pouvoir ensuite le posséder et jouir de sa présence au Paradis pour l’éternité – pas même ce Sacrifice, dis-je, n’a effacé les cicatrices des grandes blessures que l’homme s’est infligées volontairement.

Surtout la cicatrice de la triple concupiscence, laquelle est toujours prête à s’ouvrir et à s’infecter à nouveau si l’esprit ne veille pas pour tenir sous contrôle les passions mauvaises.

J’avais dit aussi: « La connaissance de la Miséricorde divine ». Oui. L’héritage de la Faute vous a obtenu le Rédempteur, mais aussi, le dévoilement de la Miséricorde de Dieu, la révélation de sa charité, de sa sagesse et de sa divine puissance.

L’homme, engendré à nouveau comme fils de Dieu grâce à Jésus, connaît ce qu’Adam ne connaissait pas. Il connaît l’immensité de l’amour du Père, capable de donner son Fils unique pour qu’il efface avec son Sang le décret de condamnation de l’Humanité, déchue dans son Chef de file. Adam en savait long sur l’amour que Dieu avait pour lui. Il le savait par sa science infuse, mais surtout par la Grâce, qui en l’élevant à l’ordre surnaturel, l’en avait rendu capable. Tout lui parlait de l’amour divin autour de lui et à l’intérieur de lui. Par son élection à l’ordre surnaturel, Adam savait beaucoup aimer. Il savait aimer selon la bonne mesure, celle que Dieu avait jugée suffisante à le préparer durant la vie pour la vision béatifique prévue pour après son passage de la Terre au Ciel.

Cependant jamais, pas même dans ses transports d’amour les plus ardents, Adam, l’innocent, n’a pu atteindre par sa soif de connaître et d’aimer le centre de la vérité. Jamais il n’a pu s’abîmer dans cette fournaise ardente d’Amour qui est aussi Vérité. Jamais il n’avait pu posséder la connaissance totale de cette vérité qui s’appelle Amour Infini.

L’homme qui vit sur Terre ne peut voir Dieu tel qu’il est. L’Homme-Adam qui venait d’être créé, et qui était riche de toutes sortes de dons, lui non plus ne pouvait voir Dieu tel qu’il est. Tout lui faisait penser à Dieu. Tout lui parlait de Dieu.

Tout l’attirait vers Dieu. L’homme était tendrement aimé et tout recouvert de dons qui l’aidaient à aimer. Mais entre l’homme et Dieu il y a toujours un abîme. Au fait, ce sont deux abîmes qui se regardent, où le Majeur attire le mineur. L’abîme majeur attire l’esprit de l’abîme mineur, étincelle devant lui et l’enrichit de ses feux de lumière.

Dieu darde ses lumières sur l’esprit de l’homme comme pour une infusion continuelle de sagesse.

Pour l’homme, l’Amour divin est un geste d’invitation : le geste de deux bras et d’un sein qui s’ouvrent et qui s’offrent pour l’étreinte béatifiante. L’amour humain lui donne des ailes pour oublier la Terre et se lancer vers le Ciel, vers Dieu qui l’appelle. Mais une loi de justice veut que la rencontre totale, la fusion, ait lieu seulement après l’épreuve qui confirme l’homme dans la grâce.

De sorte que, plus l’homme monte vers Dieu, plus Dieu se retire et fuit dans son abîme sans fin.

Ce n’est pas cruauté de la part de Dieu, mais pour garder active la volonté que l’homme a de le rejoindre, et pour creuser ainsi en lui une plus grande capacité à être comblée par les fruits de la Grâce, c’est-à-dire par Dieu lui-même. En effet, plus l’homme avance activement, inlassablement, intensément vers Dieu, plus il devient apte à recevoir et à posséder Dieu et sa très sainte Grace. Or j’ai parlé au temps présent. Car telle est toujours la condition de l’homme face à l’immensité divine, incompréhensible pour l’intelligence de la créature.

Même les plus grands contemplatifs ne sont pas parvenus à la connaissance de l’Inconnaissable de leur vivant. Ici les noms de Jean et Paul, deux apôtres déjà rachetés par le Christ, pour qui le Ciel A s’est ouvert jusqu’au troisième et jusqu’au septième degré. Et aussi Moïse, Ezéchiel, Daniel, qui ont vu respectivement « le dos de Dieu », « la lumière laissée par la Lumière infinie », « l’Être d’apparence humaine » mais qui était « feu d’électre » et « voix qui se faisait entendre au-dessus du firmament », « l’Ancien des jours, dont le visage était voilé par le fleuve de feu qui coulait rapidement devant lui » et qui laissait voir seule- (…)