Aux personnes consacrées par des vœux particuliers, mais qui ne sont pas prêtres

Messages donnés à Maria Valtorta (Italie)
Extrait du livre : Les Cahiers de 1943. Catéchèse du mardi 15 juin 1943.

Jésus dit : Dans la leçon sur les prêtres, j’ai dit que je te ferais réfléchir aux besoins des personnes consacrées par des vœux particuliers, mais qui ne sont pas prêtres, c’est-à-dire les vierges enfermées dans les monastères et couvents éparpillés de par le monde.      

Dans l’esprit des fondateurs, ces lieux devaient être autant de maisons de Béthanie où, fatigué, dégoûté, offensé, persécuté, je trouverais refuge et amour. Et, toujours dans leur esprit, ils devaient être des sommets où, dans la solitude et le recueillement, les âmes pures continueraient de prier pour les habitants de la Terre, lesquels luttent et souvent ne prient pas.     

Chasteté, non seulement de la chair, mais des pensées et de l’âme, charité très vive, prière, ou plutôt oraison continue que les occupations ne troublent pas, amour de la pauvreté, respect de l’obéissance, silence extérieur pour entendre la voix de Dieu à l’intérieur, vocation au sacrifice, esprit de véritable pénitence, voilà les vertus dont devraient être pénétrés les cœurs de toutes les femmes qui se sont données à moi par des vœux spéciaux.        

S’il en était ainsi, il y aurait chaque jour un nuage brûlant d’encens spirituel et un bain d’arômes spirituels qui purifieraient la Terre, pour monter ensuite jusqu’à mon trône. Et la triste zizanie du péché serait détruite peu à peu. Car celui qui prie obtient la grâce, et si vraiment on priait fort pour les pécheurs, on obtiendrait leur conversion.   

Au lieu de cela, vous priez pour vous-mêmes. C’est de l’égoïsme et cela blesse la charité. Pour une grande partie des âmes qui sont dans les couvents, on peut se demander pourquoi elles sont entrées.

Les différentes raisons qui poussent à entrer dans les ordres

Examinons un peu ensemble les raisons. Tu sentiras spontanément le besoin de prier pour ces âmes égarées beaucoup plus que si elles étaient restées dans le monde. 

Par exaltation

Beaucoup sont entrées par exaltation, obéissant à une bonne impulsion, mais qui n’a pas été corroborée par un ferme propos, une mûre réflexion et une vraie vocation. Elles ont vu la charrue dans un champ en fleur à une heure ensoleillée et elles y ont posé la main sans réfléchir si elles avaient la force de se labourer elles-mêmes avec le terrible soc des renonciations. Les fleurs tombent, le soleil se couche. La terre est pierreuse, dure, pleine d’épines et de tribulations; tombe la nuit, noire et orageuse. Ces âmes qui ont cédé à un rêve sans réfléchir se retrouvent désolées dans un monde qui leur est étranger, dans lequel elles évoluent avec peine. Elles souffrent et font souffrir les autres. 

Par déception

D’autres sont entrées après une déception. Elles croyaient être mortes ; elles n’étaient qu’assommées. Même si on passe outre à la réflexion qu’à Dieu on offre les primeurs et non les restes, il faudrait toujours se demander si l’âme est vraiment morte au monde ou si elle est seulement grièvement blessée. Une blessure qui n’est pas mortelle guérit, et l’on revient à la vie plus que jamais. Celles qui entrent après une déception sont troublées par la suite comme les autres, mê­me plus, parce que, en plus de comprendre que le monde monastique n’est pas pour elles, elles y apportent des choses du monde extérieur : souvenirs, regrets, nostalgies, désirs. Dans le silence du cloître, ces choses sont comme du vinaigre sur une plaie : elles l’enflamment, l’irritent; elles empoisonnent tout, rendent les âmes inquiètes, hargneuses, mordantes. Celles-ci souffrent aussi et font souffrir sans rien mériter.

Par intérêt

Troisième catégorie : celles qui entrent par intérêt. Elles sont seules, pauvres, craintives face à la vie, sans métier ou profession qui leur assure un avenir. Elles se retirent. Elles prennent la maison de Dieu pour un hôtel où elles seront logées et nourries. Elles assurent leur avenir. Mais on ne se moque pas de Dieu et on ne le trompe pas. Dieu voit au fond des cœurs. Que va-t-il penser de celles-ci ?       

Et enfin, par des sentiments purs et une vraie vocation

Enfin, il y a les âmes qui se donnent à Dieu avec des sentiments purs et une vraie vocation. Ce sont les perles, mais peu nombreuses par rapport aux autres. Et elles peuvent aussi se gâter ou tomber malades.
Même les perles tombent malades. Il est difficile qu’une vie monastique ne connaisse jamais l’assaut d’un germe qui tente de ruiner la perle consacrée à Dieu. 

Ma grâce les aide, mais il faut prier pour elles. C’est pour cela que la Communion des Saints existe. Personne n’est si insignifiant que sa prière ne sert à rien. Attiré par une prière qui s’élève du monde, Dieu peut descendre comme force dans le cœur d’une de mes épouses qui vacille dans un couvent.       

L’humanité ne meurt pas dans un être humain lorsqu’il franchit le seuil d’un monastère. L’humanité ne meurt jamais. Elle entre malheureusement à l’intérieur des murs sacrés et m’en chasse. Elle suscite les mesquineries, l’acrimonie, les actes de zèle inconsidéré; elle dissipe, entrave, refroidit. Il est vrai qu’elle fait augmenter du centuple la sainteté des ‘saintes’. Mais cela ne suffit pas.  

Prier, prier, il faut prier pour mes épouses. Que celles qui se font des illusions, celles qui ont été déçues, celles qui agissent par intérêt comprennent et sachent ajouter la croix de leur erreur aux autres croix de la vie conventuelle pour en faire une nouvelle marche de l’es­calier qui monte au Ciel. Il est inutile d’être des bouquets de fleurs placés sur un autel si ces fleurs restent humaines. Je veux des fleurs spirituelles. 

Sais-tu quelle différence il y a entre une âme qui vit dans l’humain et une autre qui vit dans le spirituel ? Tu as beaucoup de fleurs dans la pièce et tu sens un grand parfum. Mais tu avoues que le parfum de toutes ces roses, ces œillets, ces lys, ces jasmins n’a pas la moindre ressemblance au ‘parfum’ que tu respires parfois et qui provient de sphères surnaturelles. Celui-ci est parfum de ciel et celui de tes fleurs, parfum de terre.       

Il en est de même des âmes. Les âmes véritablement mystiques dégagent un parfum céleste, les autres un parfum humain. Le monde peut admirer ce dernier, mais moi, je ne l’apprécie pas.         

Je veux que mes couvents soient des serres de ciel où les sollicitudes humaines, les vanités, les envies, les critiques, les égoïsmes, les faussetés tombent comme des feuilles mortes. Il est inutile d’observer la règle à l’extérieur si l’intérieur est sali par les poisons humains.           

La prière ne monte pas si un lest d’humanité est suspendu à ses ailes et l’oraison ne peut se dérouler. La prière ne se répand pas sur la terre pour sauver les pécheurs et elle ne s’élève pas pour me consoler si elle est épaissie par la fange humaine. Inutile alors de se consacrer à moi si le sacrifice de la liberté ne porte pas le fruit pour lequel certains sacrifices sont conçus.