Claudia Procula, la femme de Pilate

Procula, Procle, Procla ou Abroqlâ, épouse de Ponce Pilate.
Cette patricienne romaine appartient à la famille impériale : « J’appartiens à la gens Claudia. J’ai plus de pouvoir que tous les grands d’Israël car, derrière moi, il y a Rome ». La famille impériale appartient à cette Gens Claudia. « Une dame qui a de grands pouvoirs » confirme un centurion. (Citations de Maria Valtorta).
La gens Claudia : une des plus anciennes et plus importantes familles romaines. Une gens est, dans le système social romain, un groupe familial patrilinéaire portant le même nom.

Dans la Bible et les textes anciens.

Évangile selon Matthieu, chapitre 27, verset 19.

Or, tandis qu’il siégeait au tribunal, son épouse lui fit dire : Ne te mêle point de l’affaire de ce Juste ; car aujourd’hui, j’ai été très affectée dans un songe à cause de lui.

Évangile de Nicodème et Actes de Pilate, Chapitre 2, verset 1

Ce spectacle remplit Pilate de crainte. Il voulut descendre de sa tribune. À peine en avait-il esquissé le mouvement, qu’un message lui parvint de son épouse, disant : Qu’il n’y ait rien entre toi et ce juste. Car j’ai beaucoup souffert cette nuit à cause de lui.
Pilate alors s’adressa à tous les Juifs et leur dit : Vous connaissez la piété de mon épouse et savez qu’elle n’est pas loin de partager votre religion.
Ils lui dirent : Oui, nous le savons.
Pilate reprit : Eh bien, mon épouse m’envoie un message : Qu’il n’y ait rien entre toi et ce juste. Car cette nuit, j’ai beaucoup souffert à cause de lui.
Les Juifs répondirent à Pilate : Ne t’avons-nous pas prévenu ? C’est un magicien, il a envoyé un songe à ton épouse !

 Extrait du livre : Pons Pilate, de Jean-Pierre Lemonon. (1981)

L’Église grecque, pour sa part, n’exalte pas la figure de Pilate, mais elle vénère la sainteté de sa femme, le 27 octobre. En effet, dans les Ménées, on lit cette mention : À ce jour, mémoire de sainte Procla, épouse de Pilate : “Le Seigneur t’a à côté de lui, Procla, lui qui est resté devant ton mari, Pilate.”
À partir du XVII siècle, la femme de Pilate est désignée sous le nom de Claudia Procula.

On trouve sur internet de nombreuses représentations de Claudia Procula, en voici un échantillon.

Claudia Procula par Maria Valtorta.

Claudia rencontre Jésus pour la première fois.
– Il y avait aussi une dame romaine dans sa litière. Ce ne pouvait être qu’une femme. Elle avait baissé les rideaux, mais jetait des coups d’œil au-dehors.
– Je l’ai bien vu ! » dit Thomas.
Jean intervient :  « Oui, elle était au début du tournant. Elle avait donné l’ordre de s’arrêter quand le lépreux avait crié : “Fils de David, aie pitié de moi !”. Un rideau avait bougé et j’ai vu qu’elle t’a observé avec une loupe précieuse, puis elle a eu un rire ironique. Mais quand elle a vu que toi, sur ton seul ordre, tu l’avais guéri… elle m’a appelé pour m’interroger : “C’est donc lui qu’on donne pour le vrai Messie ?” J’ai répondu que oui, et elle m’a dit : “Tu es avec lui ?” Puis elle a demandé : “Est-il vraiment bon ?” 

Des lentilles en verre grossissant sont utilisées pour corriger la vue, comme en attestent des bas-reliefs et des épigraphes décrivant l’activité des oculistes grecs. Pline l’Ancien rapporte que Néron plaçait devant l’un de ses yeux une grosse émeraude lorsqu’il assistait aux combats de gladiateurs.
Dans le chapitre sur Saint Luc : Je vis qu’il portait pendu à son côté un tube semblable à une longue-vue. (Vision d’Anne Catherine Emmerich).

Jésus devant Pilate

Pilate devient pensif. Il rentre, il s’assoit sur son petit trône. Il met la main à son front, son coude sur son genou, et il scrute Jésus.
Ponce Pilate : « Approche-toi » dit-il. Jésus va au pied de l’estrade. « Est-ce vrai ? Réponds. » Jésus se tait. « D’où viens-tu ? Qu’est-ce que Dieu ? »
« C’est le Tout. »
« Et puis ? Que veut dire le Tout ? Qu’est le Tout pour celui qui meurt ? Tu es fou… Dieu n’existe pas. Moi, j’existe. » Jésus se tait. Il a laissé tomber la grande parole et puis il recommence à s’envelopper de silence.
« Ponce, l’affranchie de Claudia Procula demande à entrer. Elle a un écrit pour toi. »
« Domine ! Les femmes aussi maintenant ! Qu’elle vienne. »
Une romaine entre et elle s’agenouille pour présenter une tablette de cire. Ce doit être celle où Procula prie son mari de ne pas condamner Jésus. La femme se retire à reculons pendant que Pilate lit : « On me conseille d’éviter ton homicide. Est-ce vrai que tu es plus qu’un haruspice ? Tu me fais peur. »
Jésus se tait.
« Mais ne sais-tu pas que j’ai le pouvoir de te libérer ou de te crucifier ? »
« Tu n’aurais aucun pouvoir s’il ne t’avait été donné d’en haut. Aussi celui qui m’a mis entre tes mains est plus coupable que toi. »
« Qui est-ce ? Ton Dieu ? J’ai peur… »
Jésus se tait.
Pilate est sur des charbons ardents : il voudrait et ne voudrait pas. Il craint le châtiment de Dieu, il craint celui de Rome, il craint la vengeance des juifs. Un moment c’est la peur de Dieu qui l’emporte. Il va sur le devant de l’atrium et dit d’une voix tonnante : « Il n’est pas coupable. » (…) 

Après la Passion

Et Jean dit : Mais Claudia est repartie deux jours après le sabbat et, dit-on, indignée, effrayée même de rester près de son mari… Le lancier me l’a dit. Claudia sépare sa responsabilité de celle de son mari. Car elle lui avait dit de ne pas poursuivre le Juste, car il valait mieux être persécuté par les hommes que par le Très-Haut, dont le Maître était le Messie. Et il n’y a pas non plus Plautina, ni Lidia. Elles ont suivi Claudia à Césarée, et Valeria est allée avec Jeanne à Béther. Si elles avaient été là, nous pouvions entrer. Mais maintenant.., je ne sais pas… Longinus aussi est absent, car Claudia a voulu qu’il l’accompagne.” (…)      

Claudia Procula par Anne Catherine Emmerich.

Extrait de la Vie de N. S. Jésus Christ recueillis par Clément Brentano d’après les visions d’Anne Catherine Emmerich (1774-1824) Lire en ligne tous les textes des visions

(…) Pendant le dernier entretien, Claudia Procle, la femme de Pilate, lui avait fait dire par une servante qu’elle désirait vivement lui parler, et, pendant qu’on conduisait Jésus à Hérode, elle se tenait secrètement sur une haute galerie, et regardait le cortège avec beaucoup de trouble et d’angoisse.

Le Hérode de la Passion est Hérode Antipas, fils de Hérode le Grand (qui fit reconstruire le Temple) et frère de Hérode Archélaos du massacre des Innocents (qui fut déposé et exilé par les Romains).
Après la destitution de son frère, Hérode Antipas devient l’intendant du Temple de Jérusalem. Il a un droit de regard sur tout ce qui s’y passe, notamment sur les jugements prononcés par le sanhédrin.

Pendant qu’on conduisait Jésus à Hérode et que là encore on l’injuriait et on le raillait, je vis Pilate aller vers sa femme, Claudia Procle. Ils se rendirent ensemble dans une petite maison située sur une terrasse du jardin, derrière le palais. Claudia était troublée et vivement émue. C’était une grande et belle femme, mais pâle. Elle avait un voile qui pendait derrière elle ; cependant on voyait ses cheveux rassemblés autour de sa tête et entremêlés de quelques ornements ; elle avait aussi des pendants d’oreilles, un collier, et sur la poitrine une espèce d’agrafe qui maintenait son long vêtement. Elle s’entretint longtemps avec Pilate ; elle le conjura par tout ce qui lui était sacré de ne point faire de mal à Jésus, le Prophète, le Saint des Saints, et elle lui raconta quelque chose des visions merveilleuses qu’elle avait eues au sujet de Jésus la nuit précédente.

Pendant qu’elle parlait, je vis la plupart de ces visions ; mais je ne me souviens pas bien de la manière dont elles se suivaient. Je me rappelle toutefois qu’elle vit les principaux moments de la vie de Jésus : l’Annonciation de Marie la Nativité, l’adoration des bergers et celle des rois, la prophétie de Siméon et d’Anne, la fuite en Égypte, la tentation dans le désert, etc.

Elle vit un ensemble de tableaux de sa vie publique, si sainte et si bienfaisante. Il lui apparut toujours environné de lumière, et elle vit la malice et la cruauté de ses ennemis sous les formes les plus horribles ; elle vit ses souffrances infinies, sa patience et son amour inépuisables, la sainteté et les douleurs de sa mère. Ces visions lui donnèrent beaucoup d’inquiétude et de tristesse, car tous ces objets étaient nouveaux pour elle, elle en était saisie et pénétrée, et elle voyait plusieurs de ces choses, le massacre des enfants par exemple et la prophétie de Siméon, se passer dans le voisinage de sa maison. Pour moi, je sais bien à quel point un cœur compatissant peut être déchiré par ces visions, car l’on comprend bien ce que doivent éprouver les autres lorsqu’on l’a ressenti soi-même.

Elle avait souffert toute la nuit, et aperçu plus ou moins clairement bien des vérités merveilleuses, lorsqu’elle fut réveillée par le bruit de la troupe qui conduisait Jésus. Lorsqu’elle jeta les yeux de ce côté, elle vit le Seigneur, l’objet de tous ces miracles qui lui avaient été montrés, défiguré, meurtri, maltraité par ses ennemis, et trainé par eux à travers le forum pour être conduit chez Hérode. Son cœur fut bouleversé à cette vue, et elle envoya aussitôt chercher Pilate, auquel elle raconta dans son trouble ce qui venait de lui arriver. Elle ne comprenait pas tout, et surtout ne pouvait pas bien l’exprimer ; mais elle priait, suppliait et adressait à son mari les instances les plus touchantes.

Il promit à sa femme de ne pas condamner Jésus.

Pilate était étonné et troublé ; il rapprochait ce que lui disait sa femme de tout ce qu’il avait recueilli çà et là sur Jésus, se rappelait la fureur des Juifs, le silence de Jésus, et ses merveilleuses réponses à ses questions. Il était agité et inquiet ; il céda aux prières de sa femme, et lui dit : J’ai déclaré que je ne trouvais aucun crime en cet homme. Je ne le condamnerai pas, j’ai reconnu toute la malice des Juifs.

Il parla aussi de ce qui lui avait dit Jésus ; il promit à sa femme de ne pas condamner Jésus, et lui donna un gage comme garantie de sa promesse. Je ne sais si c’était un joyau, un anneau ou un cachet. C’est ainsi qu’ils se séparèrent.

Pilate était un homme corrompu, indécis, plein d’orgueil et de bassesse à la fois : il ne reculait pas devant les actions les plus honteuses lorsqu’il y trouvait son profit, et en même temps il se livrait lâchement aux superstitions les plus ridicules lorsqu’il était dans une position difficile.
Cette fois, il était très embarrassé, et il était sans cesse auprès de ses dieux, auxquels il offrait de l’encens dans un lieu secret de sa maison, et auxquels il demandait des signes. Une de ses pratiques superstitieuses était de regarder des poulets manger. Mais toutes ces choses me paraissaient si horribles, si ténébreuses et si infernales, que j’en détournais la vue avec dégout et que je ne puis les redire exactement.

Ses pensées étaient confuses, et Satan lui soufflait tantôt un projet, tantôt un autre. Il songeait d’abord à délivrer Jésus comme innocent, puis il craignit que ses dieux ne se vengeassent sur lui, Pilate, s’il sauvait Jésus, qui semblait être une sorte de demi-dieu, et qui pouvait leur faire tort.
« Peut-être, se disait-il, c’est une espèce de dieu des Juifs ; il y a tant de prophéties d’un roi des Juifs qui doit régner partout, c’est un Roi semblable que les mages de l’Orient sont venus chercher ici ; il pourrait peut-être s’élever au-dessus de mes dieux et de mon empereur, et j’aurais une grande responsabilité s’il ne mourait pas. Peut-être sa mort sera-t-elle le triomphe de mes dieux. ».

Puis les songes merveilleux de sa femme lui revenaient à l’esprit, et jetaient un grand poids dans la balance en faveur de la délivrance de Jésus. Il finit par se décider tout à fait dans ce sens. Il voulait être juste, mais il ne le pouvait pas, car il avait demandé : Qu’est-ce que la vérité ? et il n’avait pas attendu la réponse : La vérité, c’est Jésus de Nazareth, le roi des Juifs.
La plus grande confusion régnait dans ses pensées ; je n’y pouvais rien comprendre et lui-même ne savait pas ce qu’il voulait, autrement il n’aurait pas consulté ses poulets. (…)

Claudia Procula – Épouse de Ponce Pilate, patricienne romaine.

Texte récapitulatif extrait du site officiel sur Maria Valtorta

Elle rencontre Jésus dès la première année de sa vie publique à l’occasion d’un miracle, puis le retrouve à Césarée Maritime, le port romain de Palestine où Jésus parle aux galériens et appelle la pitié des romains.

Touchée par les actes et les paroles de Jésus qu’elle tient pour « un sage, un grand philosophe« , elle en parle dans le petit cercle des nobles romaines qui l’accompagne. Elle s’invite même, avec ce groupe, à un banquet de charité que Jésus donne à Jérusalem, dans le Palais de Jeanne de Chouza, une princesse juive.

Pour Claudia cependant la gloire du royaume céleste que prêche Jésus servira la puissance de Rome. Sans le savoir, elle prophétise ainsi la Rome chrétienne :
« Grandes, vraiment grandes seront Rome et la Terre, quand elles mettront ce Nom sur leurs enseignes et quand son signe sera sur les étendards et sur les temples, sur les arches et les colonnes« .

Elle demande à Judas de l’avertir en cas de problème, mais par des propos ambigus sur la royauté imminente de Jésus, Judas lui fait craindre un complot contre Rome. Elle doute : « Elle en a été si profondément choquée qu’elle a douté de Toi et de la sainteté de ta doctrine. Pour l’instant tu lui parais un rebelle, un usurpateur, avide, faux… Elle veut de Toi une réponse immédiate » rapporte Jeanne de Chouza, mais les explications de Jésus la rassure et plus encore ses miracles dont celui qui reforme une langue, pourtant coupée, d’un de ses esclaves, Calliste : « Tu es vraiment le Juste que je pressentais … personne, sauf Toi, ne peut faire renaître un mort (Lazare) et rendre des yeux à un aveugle (Sidoine)« .

C’est donc tout naturellement qu’elle tente d’influencer son mari au moment du procès de Jésus comme le rapporte Matthieu 27,19, mais la lâcheté de Ponce Pilate précipite la séparation du couple :
« Claudia est repartie de Jérusalem deux jours après le sabbat et, dit-on, indignée, effrayée même de rester près de son mari… Claudia sépare sa responsabilité de celle de son mari. Car elle lui avait dit de ne pas poursuivre le Juste, car il valait mieux être persécuté par les hommes que par le Très-Haut dont le Maître était le Messie« .

Elle se retire, sous la garde du centurion Longin, celui du Calvaire, dans la garnison romaine de Césarée Maritime avec le noyau de romaines réuni par une même admiration, voire une foi en Jésus.
Une femme « très belle, sur les trente ans« . Grande, mince, de haute taille. Son visage régulier et sérieux a des « yeux doux et pourtant impérieux« .

Elle chemine, comme le groupe des romaines sur le chemin de la foi : « Claudia croit au Nazaréen. Pour elle il est plus grand que tout autre homme. ». Peu de temps avant la Passion, Valeria, une romaine récemment convertie, précise à Jésus : « Après moi, (Claudia) est celle qui suit de plus près ta doctrine et t’honore davantage« .