Les Anges sont comme portés d’eux-mêmes vers ceux qui leur ressemblent
Les visions d’Emannuel Swedenborg (1688-1772) – Extrait du livre : Du Ciel (et de ses merveilles) et de l’Enfer, d’après ce qui a été entendu et vu (écrit en 1758 et traduit du latin)
Les Anges de chaque Ciel ne sont point ensemble dans un même lieu, mais ils sont distingués en Sociétés
grandes et petites, selon les différences du bien de l’amour et de la foi dans lequel ils sont;
Ceux qui sont dans un semblable bien forment une même Société: les biens dans les Cieux sont dans une variété infinie; et chaque Ange est tel qu’est son bien.
Les distances au Ciel
Les Sociétés Angéliques dans les
Cieux sont même éloignées les unes des autres, selon que diffèrent les biens dans le genre et dans l’espèce; car les distances dans le monde spirituel n’ont point d’autre origine que la différence de
l’état des intérieurs, par conséquent, dans les cieux; elles n’ont d’autre origine que la différence des états de l’amour; ceux qui diffèrent beaucoup sont à une grande distance les uns des autres, et ceux qui diffèrent peu sont à une petite distance; la ressemblance fait qu’on est ensemble.
Les différentes sociétés du Ciel
Dans une même Société, tous sont pareillement distingués entre eux: ceux qui sont plus parfaits, c’est.à-dire, qui excellent en bien, par conséquent en amour, en sagesse et en intelligence, sont au milieu; ceux qui excellent moins sont autour à une distance proportionnée à la diminution de perfection: il en est de cela comme de la lumière qui décroît du centre aux périphéries: ceux qui sont au milieu sont aussi dans la lumière la plus grande; et ceux qui sont vers les périphéries, dans une lumière de moins en moins grande.
Les Anges sont comme portés d’eux-mêmes vers ceux qui leur ressemblent; car ils sont avec leurs semblables comme avec les leurs et comme chez; eux, tandis qu’avec les autres, ils sont comme avec des étrangers et comme hors de chez eux: quand ils sont chez leurs semblables, ils sont aussi dans leur liberté et par suite dans tout plaisir de la vie.
Par là il est évident que c’est le bien qui associe tous les anges dans les.cieux, et que les anges sont distingués selon la qualité du bien; mais néanmoins ce ne sont pas eux qui forment ainsi ces association, c’est le Seigneur de Qui procède le bien; Lui-Même les conduit, les associes, les distingue et les tient dans la liberté autant que dans le bien, chacun par conséquent dans la vie de son amour, de sa foi, de son intelligence et de sa sagesse, et par suite dans la félicité.
Tous ceux qui sont dans un semblable bien se connaissent, absolument comme les hommes dans le monde connaissent leurs parents, leurs alliés et leurs amis; ils se connaissent même quoiqu’ils ne se soient jamais vus auparavant; et cela, parce que, dans l’autre vie, il n’y a de parentés, d’affinités et d’amitiés que celles qui sont spirituelles, lesquelles par conséquent appartiennent à l’amour et à la foi.
C’est ce qu’il m’a quelquefois été donné de voir, quand j’étais en esprit, par conséquent détaché
du corps, et ainsi en société avec les Anges; alors j’en ai vu quelques-uns qu’il me semblait avoir connus dès l’enfance, tandis que les autres me paraissaient absolument inconnus; Ceux qu’il me semblait avoir connus dès l’enfance étaient ceux qui se trouvaient dans un état semblable à celui de mon esprit, et ceux qui me paraissaient inconnus se trouvaient dans un état différent.
Tous ceux qui forment une même Société angélique sont d’une face semblable dans le commun, mais non semblable dans le particulier : on peut en quelque sorte saisir ce qu’il en est de ces ressemblances dans le commun et de ces variétés dans le particulier, d’après les ressemblances et les variétés dans le monde;
on sait que chaque Nation porte dans la face et dans les yeux une sorte de commun semblable, par lequel elle est connue et distinguée d’avec une autre Nation; et plus encore une famille d’avec une autre famille; mais cela a lieu beaucoup plus parfaitement dans les Cieux, parce que là toutes les affections intérieures se montrent et brillent sur la face, car là la face est la forme externe et représentative des affections; avoir une face autre que celle de ses affections, cela n’est pas possible dans le Ciel.
Il m’a même été montré comment la ressemblance commune est particulièrement variée dans les individus qui sont dans une même société: il y avait comme une face Angélique, qui m’apparaissait, et elle variait selon les affections du bien et du vrai, telles qu’elles sont chez ceux qui constituent une même société : (…)
Il résulte aussi de là qu’un Ange, qui excelle en sagesse, voit sur·le-champ d’après la face la qualité d’un autre ange; là, personne ne peut par le visage cacher les intérieurs, ni dissimuler, et il est absolument impossible de mentir et de tromper par astuce et par hypocrisie.
Il arrive parfois que dans les sociétés il s’insinue des hypocrites, qui se sont appliqués à cacher leurs intérieurs, de manière à paraître dans la forme du bien dans lequel sont ceux qui composent la société, et à contrefaire ainsi les anges de lumière; mais ils ne peuvent pas y demeurer longtemps, car ils commencent à être suffoqués intérieurement, à se tourmenter, à avoir la face livide, et à être comme privés de respiration;
ils sont ainsi changés par la vie opposée qui influe et opère; aussi se hâtent-ils de se précipiter
dans l’enfer où sont leurs semblables, et ils ne se hasardent plus à monter une seconde fois: ces esprits sont désignés par l’homme qui fut trouvé à table parmi les conviés, sans être revêtu de la robe nuptiale, et qui fut jeté dans les ténèbres extérieures.
Toutes les sociétés du Ciel communiquent entre elles, non par une liaison ouverte, car peu d’Anges sortent de leur société pour aller dans une autre, parce que sortir de sa société c’est comme sortir de soi-même ou de sa vie, et passer dans une autre vie qui ne convient pas autant; mais elles communiquent toutes par l’extension de la sphère qui procède de la vie de chacun; (…)
Il est digne d’être rapporté que plus il y a d’anges formant une Société du Ciel et faisant un, plus la forme humaine de cette société est parfaite; car la variété disposée en forme céleste fait la perfection,comme il a été montré ci-dessus, N° 56; et la variété est plus grande là où il y a un plus grand nombre.
Chaque Société du Ciel augmente même en nombre chaque jour, et à mesure qu’elle augmente, elle devient plus parfaite, ainsi, non seulement la Société est perfectionnée, mais encore le ciel dans le commun, parce que les Sociétés constituent le Ciel.
Puis donc que le Ciel est perfectionné par une multitude croissante, on voit combien se trompent ceux qui croient que le ciel est fermé par plénitude; lorsque cependant c’est le contraire, en ce qu’il n’est jamais fermé, et qu’une plénitude de plus en plus grande le perfectionne; c’est pourquoi les Anges n’ont pas de plus grand désir que de voir des Anges, nouveaux hôtes, venir se joindre à eux. (…)
Il a été dit ci-dessus qu’il y a dans les Cieux des Sociétés grandes et petites ; les grandes sont
composées de myriades d’Anges, les petites de quelques milliers, et les plus petites de quelques centaines.
Il y aussi des Anges qui habitent solitaires, comme par maison et maison, ou par famille et famille ; ces anges, quoiqu’ils vivent ainsi dispersés, ont néanmoins été disposés dans un ordre semblable à celui qui règne dans les sociétés, (…)
Le langage au Ciel
Les visions d’Emannuel Swedenborg (1688-1772) – Extrait du livre : Du Ciel (et de ses merveilles) et de l’Enfer, d’après ce qui a été entendu et vu (écrit en 1758 et traduit du latin)
Les Anges entre eux parlent absolument comme les hommes dans le monde, et s’entretiennent aussi de choses diverses, comme de choses domestiques, de choses de l’état civil, de chose de la vie morale, et de choses de la vie spirituelle; et il n’y a pas d’autre différence si ce n’est qu’ils parlent entre eux avec plus d’intelligence que les hommes, parce qu’ils parlent plus intérieurement d’après la pensée.
Il m’a été donné souvent d’être avec eux en société, et de parler avec eux comme un ami avec un ami, et parfois comme un inconnu avec un inconnu; et alors, comme j’étais avec eux dans un état semblable, je ne savais autre chose sinon que je parlais avec des hommes sur la terre.
Le Langage angélique est distingué en mots, de même que le langage humain; il est aussi de même énoncé d’une manière sonore et entendu d’une manière sonore ; car les Anges ont également une bouche, une langue et des oreilles ;
ils ont aussi une atmosphère, dans laquelle est articulé le son de leur langage, mais cette atmosphère
est spirituelle et appropriée aux Anges, qui sont spirituels. Les Anges aussi respirent dans leur atmosphère, et au moyen de la respiration ils produisent des mots, comme les hommes dans leur atmosphère.
Il y a une même Langue pour tous dans tout le Ciel; ils se comprennent tous, à quelque société qu’ils appartiennent, qu’elle soit voisine ou éloignée: la Langue ne s’y apprend point, mais elle est implantée dans chacun, car elle découle de leur affection même et de leur pensée même;
Le son du langage correspond à leur affection, et les articulations du son, qui sont les mots, correspondent aux idées de la pensée qui provient de l’affection; et parce que la Langue correspond à l’affection et à la pensée, elle est aussi spirituelle, car elle est l’affection résonnante et la pensée parlante. (…)
La Langue Angélique n’a rien de commun avec les Langues humaines, si ce n’est avec quelques mots qui par le son expriment une affection, non cependant avec ces mots eux-mêmes, mais avec leur son; dans la suite il sera donné sur ce sujet quelques détails.
Que la Langue Angélique n’ait rien de commun avec les Langues humaines, cela résulte de ce qu’il est impossible aux Anges d’énoncer un seul mot d’une Langue humaine; la chose a été essayée, mais ils n’ont pu ; car ils ne peuvent énoncer que ce qui concorde absolument avec l’affection; ce qui ne concorde pas répugne à leur vie même, car la vie appartient à l’affection, et c’est d’après l’affection qu’ils parlent.
Il m’a été dit que la première Langue des hommes sur notre Terre était conforme à la Langue angélique, parce qu’elle leur venait du Ciel, et que la Langue Hébraïque avait avec elle quelques rapports. (…)
Le Langage des Anges est aussi plein de sagesse, puisqu’il procède de leur pensée intérieure, et que leur pensée intérieure est sagesse, comme leur affection intérieure est amour; leur amour et leur sagesse se conjoignent dans le langage; (…)
Toutes les parties de la pensée, et par suite toutes les parties du langage des Anges apparaissent aussi, quand elles se manifestent à la vue, comme une onde légère ou une atmosphère se répandant de tous côtés, dans laquelle on découvre dans leur ordre des choses innombrables qui procèdent de leur sagesse, et qui entrent dans la pensée d’autrui et l’affectent. Les idées de la pensée de chacun, soit Ange, soit homme, sont manifestées à la vue dans la lumière du Ciel, quand il plaît au Seigneur. (…)
Le Langage des Anges célestes est aussi sans Consonnes dures, et tombe rarement d’une consonne sur une consonne, si ce n’est par l’interposition d’un mot qui commence par une voyelle; de là vient que, dans la Parole, la particule Et est si souvent interposée, comme peuvent le voir ceux qui lisent la Parole dans la Langue Hébraïque, (…)
Il y a dans le Langage angélique une sorte d’harmonie qui ne peut être décrite. cette harmonie vient de ce que les pensées et les affections, dont se compose le langage, se répandent et s’étendent selon la forme du Ciel, (…).
Un Langage semblable à celui qui existe dans le Monde spirituel a été implanté dans chaque homme, mais dans sa partie intellectuelle intérieure ; (…)
La variété des modes de langage
Le Langage dans le Ciel, ainsi que déjà il a été dit, est le même pour tous, mais il est varié en cela, que le langage des sages est plus interne et plus plein de variations des affections et d’idées des pensées;
le langage de ceux qui sont moins sages, plus externe et moins plein; et le langage des simples, encore plus externe, et par suite consistant en mots dont on doit tirer le sens de la même manière qu’on le fait quand les hommes parlent entre eux.
– Il y a aussi un langage par la face, se terminant en quelque chose de sonore modifié par les idées :
– il y a encore un langage dans lequel les représentatifs du Ciel sont mêlés aux idées, et se manifestent aussi d’après les idées à la vue:
– il y a même un langage par des gestes qui correspondent aux affections, et qui représentent des choses semblables à celles que désignent les mots:
– il y a un langage par les communs (les affections, et par les communs des pensées: il y a un langage qui ressemble au tonnerre: outre plusieurs autres.
Le langage en enfer
Le Langage des mauvais esprits et des esprits infernaux leur est pareillement naturel, parce qu’il provient d’affections, mais d’affections mauvaises et par conséquent d’idées impures, que les Anges ont tout à fait en aversion; ainsi les langages de l’enfer sont opposés aux langages du Ciel; c’est pourquoi les méchants ne supportent point le langage angélique, ni les Anges le langage infernal; le langage infernal est pour les anges comme une mauvaise odeur qui frappe les narines.
Le langage des hypocrites, qui sont ceux qui peuvent se déguiser en anges de lumière, est, quant aux mots, semblable au langage des anges, mais, quant aux affections et par suite quant aux idées de la pensée, il est entièrement opposé; aussi, leur langage, quand il est examiné intérieurement par les Anges les plus sages, est entendu comme un grincement de dents qui inspire l’horreur.
Les changement d’état des Anges dans le Ciel.
Les visions d’Emannuel Swedenborg (1688-1772) Extrait du livre : Du Ciel (et de ses merveilles) et de l’Enfer, d’après ce qui a été entendu et vu (écrit en 1758 et traduit du latin)
Par les changements d’état des Anges sont entendus leurs changements quant à l’amour et à la foi, et par suite quant à la sagesse et à l’intelligence, ainsi quant aux états de leur vie. (…) Il va maintenant être dit ici comment ces états sont changés chez les Anges.
L’auteur appelle « Ange » tous les habitants du Ciel, qu’ils soient des hommes de la terre entrés au Ciel ou bien des Anges ayant toujours été ange.
Les Anges ne sont pas constamment dans le même état quant à l’amour, ni par suite dans le même état quant à la sagesse, car toute sagesse leur vient de l’amour et selon l’amour.
Parfois ils sont dans l’état d’un amour intense, Parfois dans l’état d’un amour sans intensité; cet amour décroît par degrés depuis son maximum jusqu’à son minimum :
Quand ils sont dans le plus grand degré d’amour, ils sont alors dans la lumière et dans la chaleur de leur
vie, ou dans leur clarté et dans leur plaisir; mais quand ils sont dans le plus petit degré, ils sont dans l’ombre et dans le froid, ou dans leur obscur et dans leur déplaisir; du dernier état ils reviennent de nouveau au premier, et ainsi de suite. Ces retours ont successivement lieu avec variété.
Ces états se succèdent comme les variations d’état de la lumière et de l’ombre, de la chaleur et du froid, ou comme le matin, le midi, le soir et la nuit se succèdent chaque jour dans le monde, avec variété perpétuelle pendant l’année :(…)
Avec l’état des intérieurs, qui appartiennent à l’amour et à la sagesse des Anges, sont aussi changés les états de diverses choses qui sont en dehors d’eux et apparaissent devant leurs yeux, car les choses qui sont hors d’eux prennent une apparence selon celles qui sont au dedans d’eux: mais quelles sont ces choses extérieures et en quoi elles consistent, c’est ce qui sera dit dans les Articles suivants, où il s’agira des Représentatifs et des Apparences dans le Ciel.
Chaque Ange subit et parcourt de tels changement d’états, et aussi chaque Société dans le commun (le bien commun des villes), mais néanmoins dans chaque société l’un autrement que l’autre, par la raison que tous diffèrent en amour et en sagesse ; (…)
Les différences des changements de leur état en général sont comme les variations de l’état des jours dans les divers Climats sur la Terre; car sur la terre il yen a qui ont le matin quand d’autres ont le soir, et il y en a aussi qui ont la chaleur quand d’autres ont le froid, et vice versa.
J’ai été informé du Ciel pourquoi il y existe de tels changements d’état. Les Anges m’ont dit qu’il y a de cela plusieurs causes.
La Première, c’est que le plaisir de la vie et du Ciel, dont ils jouissent d’après l’amour et la sagesse qui procèdent du Seigneur; deviendrait par degrés insipide, s’ils restaient continuellement dans ce plaisir, comme il arrive à ceux qui restent sans variété dans les délices et les divertissements.
La Seconde cause, c’est qu’ils ont, de même que les hommes, un propre, et que ce propre consiste à s’aimer; que tous ceux qui sont dans le Ciel sont détournés de ce propre, et qu’autant ils en sont détournés par le Seigneur, autant ils sont dans l’amour et la sagesse, mais qu’autant ils n’en sont point détournés, autant ils sont dans l’amour d’eux·mêmes ; et comme chacun aime son propre et que celui-ci l’attire, c’est pour cela qu’ils ont des changements d’état ou retours successifs.
La Troisième cause, c’est qu’ils sont ainsi perfectionnés, parce qu’ils sont habitués à être tenus dans l’amour du Seigneur et à être détournés de l’amour d’eux-mêmes, et qu’en outre par les retours de plaisir et de déplaisir, la perception et la sensation du bien deviennent plus exquises.
Ils ajoutèrent que ce n’est pas le Seigneur qui produit les changements de leur état, parce que le Seigneur comme Soleil influe toujours avec chaleur et lumière, c’est-à-dire, avec amour et sagesse, mais qu’eux-mêmes en sont la cause, parce qu’ils aiment leur propre qui les entraîne continuellement: cela était illustré par une comparaison avec le soleil du monde, en ce que ce n’est pas en lui qu’est la cause des changements d’état de chaleur et de froid, de lumière et d’ombre, chaque année et chaque jour, puisqu’il reste immobile, mais que c’est la terre qui en est la cause. (…)
Quand les Anges sont dans le dernier état, qui existe lorsqu’ils sont dans leur propre, ils commencent à devenir tristes. J’ai conversé avec eux quand ils étaient dans cet état. et j’ai vu leur trtstesse: mais ils me disaient qu’ils avaient l’espoir de revenir bientôt dans leur premier état, et ainsi comme de nouveau dans le Ciel, car le Ciel pour eux c’est d’être détourné du propre. (de leur amour propre)
Il y a aussi dans les enfers des changements d’état, mais il en sera parlé plus loin, lorsqu’il s’agira de l’Enfer.
Chapitres complémentaires :
La vie au Paradis
Son chez-soi au Paradis
Les paysages du Paradis
Les mariages au Paradis
Des enfants au Paradis
Nos maisons au Paradis