La création des Anges et la rébellion – Marie d’Agréda.
Lisez attentivement ce texte, car il est très intéressant et important pour comprendre l’origine des démons. Tout est parfaitement bien expliqué, et c’est même le texte le plus complet que j’ai pu lire.
D’après les visions de Marie D’AGRÉDA (1602-1665).
Les anges furent créés en grâce dans le ciel empyrée (empyrée = Ciel suprême, plus haute sphère céleste), afin que par son secours, leur mérite précédât le prix de la gloire qui leur était préparée ; car, bien qu’ils fussent dans le lieu de gloire, la Divinité ne leur avait pas été découverte face à face et avec une claire connaissance, jusqu’à ce que ceux qui furent obéissants à la divine volonté l’eurent mérité par la grâce.
Les trois étapes.
Ainsi, ces bienheureux Anges, aussi bien que les autres apostats, demeurèrent fort peu dans cet état de passage ; parce que leur création, leur état et leur terme, furent divisés en trois demeures ou en trois stations, et même par quelque intervalle en trois instants.
Dans le premier, ils furent tous créés et ornés de la grâce et de dons, se trouvant de très-belles et très-parfaites créatures.
A cet instant succéda une station – deuxième étape – dans laquelle la volonté de leur Créateur leur fut à tous proposée et intimée ; il leur fut imposé une loi et un précepte d’opérer, de le reconnaître pour leur souverain Seigneur, et d’arriver à la fin pour laquelle il les avait créés.
Dans cette demeure, ou intervalle – étape – , cette fameuse bataille, que saint Jean rapporte au chapitre 12 de l’Apocalypse, arriva entre saint Michel et ses Anges, avec le dragon et les siens ; les bons Anges persévérant en la grâce, méritèrent la félicité éternelle ; et les désobéissants se révoltant contre Dieu méritèrent les peines qu’ils souffrent.
Dieu informe les Anges rebelles de ce qui les attends s’ils s’obstinent dans leur révolte.
Et bien qu’en cette seconde demeure – étape -, le tout eût pu se passer fort brièvement, selon la manière d’agir de la nature angélique et du pouvoir divin. Néanmoins, il me fut découvert que la charité du Très-Haut le suspendit et leur montra par quelque intervalle :
le bien et le mal, la vérité et le mensonge, le juste et l’injuste, Sa grâce et la malice du péché, l’amitié et l’inimitié de Dieu, la récompense et le châtiment éternels, la perte de Lucifer et de tous ses adhérents.
Sa Majesté leur montra même l’Enfer et ses tourments, tellement qu’ils n’ignorèrent rien : car en leur nature si noble et si excellente, toutes les choses créées et terminées se peuvent voir comme elles sont en elles-mêmes, de sorte qu’ils virent, avant que de déchoir de la grâce, le lieu du châtiment.
Et bien qu’ils ne connussent pas de la même façon le prix de la gloire, ils en eurent pourtant une autre connaissance, aussi bien que de la promesse manifeste et expresse du Seigneur ; de façon que le Très-Haut eut de quoi justifier sa cause, et opérer selon sa souveraine justice et équité.
Et parce que tant de bonté et de justification ne suffirent pas pour retenir Lucifer et ses sectateurs dans leur devoir, ils furent, comme des obstinés, châtiés et précipités au profond des malheureuses cavernes infernales, et les bons furent confirmés en grâce et dans la gloire éternelle.
Tout cela arriva dans le troisième instant, auquel il fut connu véritablement que Dieu seul était impeccable par nature ; puisque l’Ange, qui en a une si excellente et qui la reçut enrichie et ornée de tant de dons de science et de grâce, ne laissa pas de pécher et de se perdre. Que deviendra, après cette fatale expérience, la fragilité humaine, si le pouvoir divin ne la défend et si elle l’oblige de l’abandonner ?
Les motifs de la révolte.
Il nous reste de savoir le motif que Lucifer et ses confédérés eurent en leur péché (qui est ce que je cherchais), et d’où naquirent leur désobéissance et leur chute.
Sur quoi j’ai appris qu’ils purent commettre plusieurs péchés, secundum reatum (ou dans cet intervalle que leur révolte dura, jusqu’à ce que Dieu prononça sa sentence), bien qu’ils ne commirent pas les actes de tous ; mais il leur resta l’habitude de ceux qu’ils commirent par leur volonté dépravée, pour tous les mauvais actes, en sollicitant les autres, et approuvant le péché qu’ils ne pouvaient opérer par eux-mêmes.
Et suivant la mauvaise affection que Lucifer eut alors, il tomba dans un amour très-déréglé de lui-même, qui lui vint de se voir avec de plus grands dons de grâce et avec une plus excellente beauté de nature que les autres Anges inférieurs. Il se fixa trop dans cette connaissance, et la complaisance qu’il eut de lui-même le retarda et l’attiédit en la reconnaissance qu’il devait à Dieu, comme l’unique cause de tout ce qu’il avait reçu.
Et se contemplant dans ses propres ingrates et réitérées réflexions. Il eut une nouvelle et criminelle complaisance pour sa beauté et pour ses grâces ; il se les attribua et les aima comme siennes ; et cette affection propre et désordonnée ne le fit pas seulement se révolter avec ce qu’il avait reçu d’une vertu supérieure ; mais elle l’obligea aussi d’envier et de désirer les autres dons et les excellences qu’il n’avait pas.
Et parce qu’il ne put les obtenir, il conçut une indignation et une haine implacable contre Dieu qui l’avait tiré du néant, et contre toutes ses créatures. De là la désobéissance, la présomption, l’injustice, l’infidélité, le blasphème, et presque quelque espèce d’idolâtrie prirent leur origine, car cet ingrat désira pour soi l’adoration et l’honneur qu’on doit à Dieu.
Il blasphéma contre sa divine grandeur et contre sa sainteté ; il manqua à la foi et à la fidélité qu’il lui devait ; il prétendit de détruire toutes les créatures, et il présuma de venir à bout de tout cela et de plusieurs autres choses. Ainsi son orgueil croit et persévère toujours, bien que sa témérité soit plus grande que son pouvoir, parce qu’il ne peut croître en celui-ci ; et dans le péché un abîme en attire un autre.
Lucifer fut le premier Ange qui pécha, comme il est raconté dans le chapitre 14 d’Isaïe ; et celui-ci persuada les autres de le suivre, et c’est de là qu’on l’appelle prince des démons : ce n’est pas par sa nature qu’il reçoit ce titre, car elle ne pouvait pas le lui procurer ; mais par son péché.
Et les malheureux révoltés ne furent pas seulement d’un ordre ou d’une hiérarchie, mais de chacune il y en eut plusieurs qui furent précipités.
Pour déclarer quel honneur et quelle excellence, Lucifer désira et envia par son orgueil, je dirai que, comme l’équité, le poids et la mesure se trouvent dans les œuvres de Dieu, sa providence détermina, avant que les Anges pussent tendre à des fins diverses, de leur manifester immédiatement après leur création, la fin pour laquelle il les avait créés, avec une nature si relevée et si parfaite.
Et cela arriva de cette manière :
Ils eurent premièrement une très-claire connaissance de l’être de Dieu, Un en substance et Trois en personnes, et ils reçurent commandement de l’adorer et de l’honorer comme leur Créateur et leur souverain Seigneur, infini en son être et en ses attributs.
Ils se soumirent et obéirent tous à ce précepte, mais avec quelque distinction ; car les bons Anges obéirent par amour et par justice, se soumettant d’une volonté affectueuse, admettant et croyant ce qui était au-dessus de leurs forces, et y obéissant avec joie.
Mais Lucifer ne s’y soumit que parce qu’il crut le contraire impossible. Il ne le fit pas avec une parfaite charité, parce qu’il partagea sa volonté entre lui-même et la vérité infaillible du Seigneur ; et cela lui rendit ce précepte en quelque façon violent et difficile, et fit qu’il ne l’accomplit pas avec une affection pleine d’amour et de justice ; ainsi il se disposa à n’y pas persévérer.
Et bien que cette lâcheté qu’il eut à opérer ces premiers actes avec difficulté, ne le privassent pas de la grâce, sa mauvaise disposition commença pourtant de là ; car sa vertu et son esprit en furent ralentis et affaiblis, sa beauté même perdit de son éclat ; et je crois que l’effet que cette lâcheté et cette difficulté causèrent en Lucifer, fut semblable à celui que le péché véniel délibéré cause en l’âme ; mais je n’assure pas qu’il pécha alors mortellement ni véniellement, parce qu’il accomplit le commandement de Dieu ; mais cet accomplissement fut lâche et imparfait, et la force de la raison y eut plus de part que l’amour et que l’inclination volontaire d’obéir, et c’est ce qui le disposa à tomber.
Le projet de la création de l’homme.
En second lieu, Dieu leur manifesta qu’il devait créer une nature humaine et des créatures raisonnables et inférieures, afin quelles l’aimassent, le craignissent et l’honorassent, comme leur auteur et leur bien éternel ; qu’il devait favoriser beaucoup cette nature ; que la seconde personne de la très-sainte Trinité devait s’incarner, se faire homme, et élever la nature humaine à l’union hypostatique et à la personne divine ; qu’ils devaient reconnaître, honorer et adorer l’Homme-Dieu, non-seulement en tant que Dieu, mais conjointement en tant qu’homme, et que les mêmes Anges devaient être ses inférieurs et ses serviteurs en grâces et en dignité.
Il leur fit connaître la convenance, l’équité, la justice et la raison qu’il y avait en cela ; d’autant que l’acceptation des mérites prévus de cet Homme-Dieu leur avait mérité la grâce qu’ils possédaient, et la gloire dont ils seraient pourvue.
Il leur fit aussi connaître qu’ils avaient été créés, et que toutes les autres créatures le seraient pour sa même gloire, parce qu’il était être supérieur à toutes ; et que celles qui seraient capables de connaître Dieu et de jouir de lui, devaient être son peuple et les membres de ce chef, pour le reconnaître et l’honorer. Et ils reçurent ensuite un commandement de se soumettre à tout cela.
Tous les bons Anges se soumirent à ce précepte, y donnèrent leur consentement et y applaudirent avec une humble et amoureuse affection de toute leur volonté.
Mais Lucifer y résista par son orgueil et par son envie, et incita des Anges à faire de même ; ce qu’ils firent en effet en le suivant, par cette désobéissance au divin commandement. Ce mauvais prince leur persuada qu’il serait leur chef, et qu’ils auraient une principauté indépendante et séparée de Jésus-Christ.
L’envie et l’orgueil avait causer un tel aveuglément et une affection si désordonnée à Lucifer, que cela a été la cause de la contagion du péché et qu’elle s’est communiquée à tant d’autres.
Ici eu lieu cette grande bataille que saint Jean dit s’être donnée dans le Ciel. Car les Anges obéissants, animés d’un ardent zèle de défendre la gloire du Très-Haut et l’honneur du Verbe humanisé prévu, demandèrent licence et comme l’agrément du Seigneur pour résister et contredire au dragon ; et cette permission leur fut accordée.
La Sainte Vierge présentée aux Anges
Mais il arriva ici un autre mystère ; parce que, quand il fut proposé à tous les anges qu’ils devaient obéir au Verbe incarné, il leur fut fait un troisième commandement de recevoir conjointement une femme pour supérieure, dans le sein de laquelle le Fils unique du Père prendrait chair humaine ;
Il leur fut dit que cette femme devait être leur Reine et la Maîtresse de toutes les créatures humaines, et qu’elle devait être distinguée au-dessus de toutes les créatures angéliques et humaines, et les surpasser en dons de grâce et de gloire.
Les bons anges, en obéissant à ce précepte du Seigneur, augmentèrent leur humilité, et avec elle ils le reçurent, et louèrent le pouvoir et les mystères du Très-Haut.
Mais l’orgueil et la présomption de Lucifer et de ses confédérés s’augmentèrent par ce mystérieux précepte ; et il désira pour soi avec une fureur effrénée l’honneur d’être le chef de tout le genre humain et de tous les ordres angéliques, et que si cela devait s’accomplir par le moyen de l’union hypostatique, ce fût avec lui.
Il résista avec d’horribles blasphèmes sur ce qu’il devait être inférieur à la Mère du Verbe incarné et notre Reine ; se tournant avec une effrénée indignation contre l’auteur de ces merveilles, et provoquant les autres, ce dragon leur dit ; Ces préceptes sont injustes et injurieux à ma grandeur ; et s’adressant à Dieu, il ajouta : Je persécuterai et détruirai cette nature que vous regardez avec tant d’amour, et à qui vous destinez de si grandes faveurs ; j’emploierai pour cela tout mon pouvoir et tous mes soins, et j’abattrai cette femme Mère du Verbe de l’état honorable que vous lui promettez, et je renverserai vos desseins.
Cette superbe présomption irrita si fort le Seigneur, qu’en humiliant Lucifer, il lui dit ; Cette femme que tu n’as pas voulu honorer, t’écrasera la tête, et tu seras par elle vaincu et abattu.
Et si par ton orgueil la mort entre dans le monde, par l’humilité de cette Femme, la vie et le salut des mortels y entreront ; et je tirerai de la nature, et de l’espèce du Fils et de la Mère, ceux qui doivent jouir des récompenses et des couronnes que tu as perdues, toi et tes disciples.
Le dragon ne répondait à tout cela, et contre tout ce qui lui était déclaré de la divine volonté et de ses décrets, qu’avec une superbe et téméraire indignation, en menaçant tout le genre humain. Et les bons Anges connurent le juste courroux du Très-Haut contre Lucifer et contre les autres apostats ; et ils combattaient contre eux avec les armes de l’entendement, de la raison et de la vérité.
Le Tout-Puissant opéra ici un autre merveilleux mystère ; car, après avoir manifesté par intelligence à tous les Anges le grand ouvrage de l’union hypostatique, il leur montra la très-sainte Vierge en un signe ou espèce, à la manière de nos visions imaginaires, selon notre façon de concevoir.
Ainsi il leur fit connaître et leur représenta la pure nature humaine en une femme très-parfaite, en laquelle le puissant bras du Très-Haut devait être plus admirable qu’en tout le reste des créatures, parce qu’il déposait en elle les grâces et les dons de sa droite en un degré supérieur et éminent.
Ce signe de la Reine du Ciel et Mère du Verbe humanisé, fut manifesté à tous les Anges, bons et mauvais. Les bons furent ravis d’admiration à sa vue et lui donnèrent des cantiques de louanges, et dès lors ils commencèrent à défendre l’honneur de Dieu humanisé et de sa très-sainte Mère, armés par cet ardent zèle et par le bouclier impénétrable de ce signe.
Au contraire, le dragon et ses alliés conçurent une fureur et une rage implacable contre Jésus-Christ et sa très-sainte Mère ; de sorte qui il arriva tout ce qui est contenu au chapitre 12 de l’Apocalypse, dont je mettrai la déclaration comme elle m’a été communiquée, en celui qui suit.
Chapitres complémentaires :
Lucifer
Les démons
Description de l’Enfer
Conciliabule dans l’enfer
Emannuel Swedenborg (1688-1772) visite l’Enfer
Il entraîna avec lui un nombre considérable d’anges des neuf degrés établis parmi eux.
Messages donnés à Marie Lataste (1822-1847) LIVRE QUATRIÈME, chapitre 7
Lucifer, ainsi que tous les anges du Ciel, fut soumis à un temps d’épreuve.
Au lieu de reconnaître Dieu pour son créateur et d’accepter l’épreuve à laquelle il voulut le soumettre, Lucifer se leva contre lui en disant : Je m’élèverai, je deviendrai semblable au Très-Haut. Il ne fut pas seul dans sa révolte, il entraîna avec lui un nombre considérable d’Anges des neuf degrés établis parmi eux.
C’était le plus parfait de tous, et par sa révolte, par l’entraînement qu’il donna aux autres, il devint le plus coupable et le chef des révoltés. Il devint par son crime roi de tous les Fils de la superbe et de l’orgueil ; mais il ne régnera plus dans le Ciel et ses hauteurs ; il est, avec tous ses Anges, dans les abîmes et les profondeurs de l’Enfer. Le nombre de ceux qu’il entraîna fut immense, inférieur néanmoins à celui des Anges fidèles. Il aurait voulu les entraîner tous, mais les autres se levèrent contre lui en disant : Qui est semblable à Dieu ?
Écrasé par le poids de cette parole et le regard vengeur du Très-Haut, Lucifer fut précipité dans l’éternelle malédiction. N’ayant pu entraîner tous les Anges avec lui, il cherche à entraîner les hommes. Il a séduit Adam, il l’a mis en révolte contre Dieu, il veut agir de même vis-à-vis de tous les enfants d’Adam. C’est pourquoi il donne à chacun un tentateur pour combattre l’action de l’Ange gardien, pour détourner chaque homme de la voie du bien, pour faire de lui une victime de la vengeance de Dieu et un révolté éternel contre sa divine volonté.
Pour cela, il emploie ruses et artifices ; il combine toutes choses, promet le bien et donne le mal, montre la vie et entraîne dans la mort, fait goûter le plaisir et ce plaisir se change en une amertume qui éloigne de Dieu.
Ma fille, craignez de vous laisser séduire par Satan ; il veut votre ruine et la ruine de tous les chrétiens. Depuis que je suis venu au monde pour battre en brèche son empire, il redouble d’efforts pour réduire mes conquêtes. Vains efforts, jamais il n’aura de pouvoir, d’autorité, d’entraînement que sur ceux qui voudront se donner à lui, se livrer à lui, marcher avec lui.
Ma grâce repousse Satan, ma force l’épouvante, mon drapeau le met en fuite. Mon drapeau, c’est la croix ; attachez-vous à elle, et Satan fuira loin de vous. Ma force est la force de la croix, qui a vaincu la mort et l’enfer ; armez-vous de ma croix, et vous épouvanterez Satan. Ma grâce descend de la croix, puisez-y comme dans une source intarissable, et vous repousserez Satan.
Je suis avec vous, je suis pour vous ; marchez, ma fille, et demandez : Qui donc sera contre moi ?
La création des Anges et la rébellion – Anne-Catherine Emmerich.
Extrait du livre : Les mystères de l’Ancienne Alliance d’Anne-Catherine Emmerich (1774-1824)
La Création
Je vis d’abord apparaître devant moi un espace de lumière infini, et, très haut dans cet espace, comme un globe lumineux semblable à un soleil je sentis que dans ce globe se trouvait l’unité des trois divines Personnes. En mon for intérieur, je nommai ceci le Consentement (divin) et j’en vis procéder comme une Opération : alors furent appelés à l’existence les Choeurs d’Esprits, infiniment éclatants, et puissants, et beaux, qui apparaissaient sous le globe lumineux comme des anneaux, des cercles concentriques brillants.
Ce monde de lumière se tenait au-dessous du soleil supérieur comme un autre soleil. D’abord, ces Chœurs évoluèrent tous, comme animés par l’amour issu du divin soleil.
La chute des anges
Soudain, je vis une partie de tous les Chœurs se fixer en eux-mèmes, abîmés en leur propre beauté. Ces Esprits ressentaient un plaisir propre, ils voyaient toute beauté en eux-mèmes ; ils se tournaient sur eux-mèmes, se complaisaient en eux-mèmes.
Au commencement, tous les Esprits étaient tirés d’eux-mèmes par un mouvement supérieur à eux, maintenant une partie d’entre eux se fixaient en eux-mèmes, immobiles.
Et au même moment, je vis tous ces Esprits précipités vers l’abîme et s’obscurcissant, tandis que les autres Esprits s’écartaient d’eux et évoluaient de façon à combler leurs rangs, qui étaient plus petits. Mais je ne vis pas ceci comme s’ils les pourchassaient en sortant du cadre de la vision : tandis que les premiers s’immobilisaient et tombaient, les autres, toujours en mouvement, occupaient leurs rangs, et tout ceci était une même chose.
Lorsque ces Esprits furent précipités vers l’abîme, je vis apparaître, en bas, un disque de ténèbres qui me sembla devoir constituer leur séjour, et je compris que leur chute était irrémissible.
Mais l’espace qu’ils occupaient à présent en bas était bien plus restreint que celui qu’ils avaient eu en partage en haut, si bien qu’ils m’apparaissaient étroitement serrés les uns contre les autres.
Depuis que, petite enfant, j’avais vu cette chute des Esprits, j’étais effrayée jour et nuit par leur action, et je me disais qu’ils devaient faire beaucoup de mal à la terre : ils sont toujours autour d’elle il est heureux qu’ils n’aient pas de corps, sinon ils obscurciraient le soleil et on les verrait planer devant lui comme des nuées ce serait épouvantable.
Aussitôt après la chute, je vis les Esprits des cercles lumineux s’humilier devant le globe de la Divinité et demander avec soumission que ce qui était tombé fût de nouveau rétabli.
Alors je vis un mouvement et une opération dans le globe de la lumière divine, qui était resté jusque-là immobile et qui avait, à ce que je compris, attendu cette requête.
Après cette démarche des Chœurs angéliques, je compris intérieurement qu’ils devaient désormais rester préservés de toute chute.
J’eus cependant connaissance de ceci, qui est la déclaration de Dieu et son jugement éternel : tant que les Chœurs déchus ne seront pas rétablis quant au nombre, il y aura un combat. Et je vis cette durée infiniment longue pour mon âme, comme impossible. Ce Combat aura lieu cependant sur la terre, car il ne peut plus y avoir de lutte en haut, décréta Dieu.
Après cette transformation intérieure, je n’ai plus été capable d’avoir la moindre pitié pour le diable car je l’ai vu se précipiter avec violence dans l’abîme, dans le libre exercice de sa volonté mauvaise. Et je n’ai plus été aussi fâchée contre Adam, j’ai toujours pensé qu’il avait été prédestiné.
Chapitre suivant : La création de la terre