Le mensonge utile

(Vincent) Alors que je surfais sur les réseaux sociaux, je tombe sur une vidéo et j’entends l’expression « mensonge utile ». On pourrais aussi appeler ça « le mensonge social ».
Chez les chrétiens, on entend souvent dire que « Satan est le père du mensonge », or au fil des expériences de ma vie, j’avais remarqué qu’il existait des cas où le mensonge était profitable à nos proches et la vérité mauvaise.
J’ai trouvé sur internet deux textes qui explique ce paradoxe.

Si l’intention est positive, si c’est pour faire du bien, sauver une personne…

Extrait du site : lapresse.ca

Éthiquement, il n’y a qu’un repère, résume l’auteure de « Rompre avec nos rôles ». Si l’intention est positive, si c’est pour faire du bien, sauver une personne, valoriser une image, alors oui, il y a un bon usage du mensonge, tranche-t-elle. D’ailleurs, ça n’existe pas, ne pas mentir. C’est impossible. (…)

Socialement, il ne sert à rien de répondre crûment au banal « Ça va ? » matinal. « Tout le monde n’est pas prêt à accueillir qu’on ne va pas. Il n’est pas adéquat de dire qu’on ne va pas si le contexte ne s’y prête pas. » Tout comme il n’est pas adéquat de dire à un mourant en détresse qu’il ne lui reste plus que quelques heures à vivre, ou à une copine déprimée qu’elle a vraiment mauvaise mine. « Il est important, quand on est en relation avec quelqu’un, de capter son état d’esprit, explique la thérapeute. Ce n’est pas toujours le moment de lui dire toute la vérité. Il faut stimuler l’autre, l’encourager, l’aider à aller dans le sens de son évolution », croit-elle. En un mot, dans toute relation sociale, un peu de nuance et de doigté s’imposent, car « chaque cas est unique », résume-t-elle.
Au-delà de la vérité pure et dure, donc, l’important est toujours de « capter le niveau de fragilité de l’autre », rectifier le tir et, ultimement, « pouvoir valoriser l’autre ». (…)

Nous confondons et mettons sur le même plan plusieurs sortes de mensonges.

Extrait du site : cairn.info

Bien sûr que ce n’est pas beau de mentir, et pourtant qui ne ment pas ? Nous mentons par faiblesse, par politesse, pour nous protéger, pour survivre, pour cacher ce qui nous fait honte et parfois par besoin.
Et pourtant nous apprenons à nos enfants à ne pas mentir. Nous voulons qu’ils soient honnêtes, sincères et bien élevés. Mais quand la vérité sort de la bouche des enfants nous sommes parfois bien ennuyés. Un petit garçon de mes amis, âgé de six ans, a déclaré à sa grand-mère : « ma mère elle ne t’aime pas ! » Scandale dans la famille !
Aurait-il dû mentir et dire : « ma mère, elle t’aime beaucoup ». Il serait alors passé pour hypocrite ou manipulateur. Le mieux aurait été de ne rien dire, mais c’est difficile à six ans de tenir sa langue. Nous mettons donc nos enfants devant un message difficile à comprendre : ce n’est pas beau de mentir, mais parfois c’est utile de mentir.
Tout cela vient du fait que nous confondons et mettons sur le même plan plusieurs sortes de mensonges. Des mensonges anodins et préservant la paix sociale et des mensonges plus graves utilisés pour tromper l’autre. Ainsi il nous arrive de mentir :

– Par omission : c’est le mensonge qui n’en est presque pas un. On évite de dire quelque chose qui pourrait ennuyer, déranger, blesser, procurer du désagrément à soi ou aux autres.

– Par politesse : c’est le mensonge diplomatique. On trouve une bonne excuse pour décliner une invitation, ne pas répondre à une question. On dit parfois le contraire de ce que l’on pense pour ne pas choquer.

– Pour manipuler : c’est le mensonge fait pour obtenir quelque chose de l’autre. On ment sur les sentiments, sur ce que l’on est, sur le passé, sur ce que l’on a fait ou pas fait. Ce mensonge est généralement destiné à tromper l’autre pour obtenir un avantage. C’est celui qui nous paraît le plus critiquable, le plus détestable. Mais un homme de 50 ans, qui ment sur son âge pour obtenir un emploi, a-t-il tout à fait tort ?

– Par protection : dans les sociétés totalitaires le mensonge est souvent nécessaire à la survie. Pendant l’occupation, on apprenait aux enfants juifs à mentir sur leur nom, leur origine. De même, dans certains pays, il n’est pas bon de dire la vérité sur ce que l’on pense, sur qui l’on fréquente. Les sociétés ne sont pas les seules à être totalitaires, certaines familles le sont aussi. Dans ces familles, les adultes sont dictatoriaux et interdisent toute ouverture vers l’extérieur. Alors ceux qui les subissent sont tentés de mentir pour préserver leur identité, leur personnalité, leurs désirs. Lorsqu’une mère possessive empêche son fils ou sa fille de voir telle ou telle personne sous des prétextes plus ou moins bons, il peut être nécessaire à l’adolescent de mentir pour préserver sa paix et éviter d’être maltraité.

De même un père despotique peut poser des interdits tout à fait déplacés, empêcher un enfant de s’épanouir dans une activité qu’il réprouve. L’enfant doit-il alors s’adapter au risque de perdre ses goûts ? Certains conjoints peuvent aussi imposer des façons de vivre ou de penser difficilement acceptables. Il faudrait sans doute les quitter, mais en attendant le mensonge peut être une solution protectrice pour continuer à vivre sans explosions dévastatrices.

Dans une société idéale où chacun vivrait avec le respect de soi et des autres, la confiance serait telle que l’on pourrait vivre sans mensonge. Mais nous n’en sommes pas encore là.